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Damis est loin de nous dire tout ; mais il nous en dit assez pour que son récit justifie ce jugement de Tillemont dans ses Mémoires sur l’histoire ecclésiastique des six premiers siècles : « Si le récit de Philostrate a quelque chose de véritable, ces Brahmanes n’étaient pas des dieux, comme ils avaient l’insolence de le dire, mais d’infâmes magiciens ; et il ne faut pas douter, vu l’estime qu’Apollonius en témoigne toujours depuis, que dans les entretiens qu’il eut avec eux, où Damis même n’assista pas, il n’en ait appris de nouvelles manières de se familiariser avec les démons, et de trouver l’enfer sur la terre. »

Lorsqu’ils dirent adieu à Apollonius, ils l’assurèrent que non seulement après sa mort, mais de son vivant même, il serait un dieu pour la plupart des hommes.

Et Apollonius écrivait bientôt à Iarchas :

« — Votre sagesse m’a frayé le chemin du Ciel. Ce n’est pas en vain que j’aurai bu dans la coupe de Tantale. »

On voit aussi par là que de tout temps l’Inde a été un pays privilégié pour le satanisme.

« Parmi les prodiges d’Apollonius, un certain nombre se rattachent à la nécromancie ; je choisis le récit suivant, parce qu’on y voit l’intention évidente de singer les récits de l’Évangile.

Étant sur le territoire de Troie, il évoqua toutes les traditions que rappelaient ces lieux, et annonça l’intention de passer une nuit près du tombeau d’Achille.

Ses disciples essayant de l’effrayer, Apollonius leur dit : « Je n’ai rien de commun avec les Troyens, et je prétends bien avoir avec lui un entretien plus agréable que n’en ont jamais eu ses anciens amis. S’il me met à mort comme vous me l’annoncez, eh bien ! j’irai rejoindre Memnon et Cycnus, et peut-être Troie me donnera-t-elle, comme à son Hector, une fosse pour sépulture. »

Puis, il s’avança seul vers le tombeau, et ses compagnons retournèrent au vaisseau, comme il faisait déjà nuit.

Au point du jour, Apollonius revint les trouver et leur demanda : « Où est Antisthène de Paros ? » C’était un jeune homme qui depuis sept jours était venu à Troie se joindre à ses disciples. Antisthène se présenta. « N’avez-vous pas, lui demanda Apollonius, un peu de sang troyen dans les veines ? — Mes ancêtres étaient Troyens, répondit le jeune homme, et je me flatte d’appartenir à la famille de Priam, une race d’hommes de cœur. — Achille a donc raison de me défendre toute liaison avec vous. Il m’a chargé d’avertir les Thessaliens d’un grief qu’il a contre eux, et comme je lui demandais si je ne pouvais pas encore faire quelque chose qui lui fût agréable, il m’a répondu : « Ce sera de ne pas admettre, au nombre de vos disciples, le jeune