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Quelques exemples encore :


Hallucinations de la vue. — À l’état rudimentaire, elles consistent en simples lueurs, en étincelles, en globes lumineux ; plus distinctes et plus définies, ce sont des spectres, des fantômes, des ombres vaguement dessinées qui s’évanouissent dès que le malade veut les fixer. Enfin, elles peuvent acquérir la plus grande netteté et prendre des contours aussi arrêtés que les objets extérieurs perçus par la vue. Cette hallucination n’est pas rare chez les aveugles mêmes, qui ont joui de la vue pendant un certain temps. Chez ceux qui ne jouissent que d’un œil, l’hallucination peut être unilatérale, c’est-à-dire ne se montrer qu’à l’œil bien portant : « J’ai soigné, dit le docteur J. Christian, un vieil officier, atteint d’une affection organique du cœur, ayant perdu un œil par accident il y a quelques années ; il était en proie à un délire lypémaniaque, accusant sa femme et sa fille de vouloir l’empoisonner. Ce malade était tourmenté par des hallucinations de la vue qui ne se montraient que du côté de l’œil bien portant ; il apercevait des ombres qui, d’abord très petites, grandissaient peu à peu, finissaient par remplir l’appartement et lui arrachaient des cris de terreur et de colère. »

Le docteur Despine a rapporté une observation très curieuse faite sur un halluciné, qui, en dérangeant par la pression du doigt le parallélisme des axes oculaires, parvenait à dédoubler les images qu’il apercevait. C’était un jeune homme, non aliéné, sujet à des crises extatiques pendant lesquelles il croyait voir la Vierge et l’entendre parler. Saisissant le moment où il disait : « Je vois la Vierge », M. Despine comprima légèrement à travers les paupières le côté d’un des yeux, en demandant au malade s’il voyait une ou deux images de la Vierge. Il répondit aussitôt : « J’en vois deux, l’une ici, l’autre là. » Cette expérience, répétée à plusieurs reprises, a toujours donné le même résultat.

Apparition d’une morte. — « J’ai perdu, raconte J. Delbœuf, ma mère en janvier 1870 : elle était dans sa quatre-vingtième année, et je ne l’avais jamais quittée. Quoique dans l’ordre des choses, sa perte m’a été des plus sensibles, et je ne pouvais me faire à l’idée que nous étions séparés pour toujours. Fréquemment je la revis dans mes rêves, souvent comme vivante, quelquefois comme morte, mais toujours agissante. Un jour, à mon réveil, je l’aperçus assise à mon chevet, dans l’attitude où la représente une photographie très bien faite que je possède d’elle. Elle me regardait avec des yeux extraordinairement brillants. Elle les avait conservés très vifs jusqu’à son dernier jour ; mais cette fois leur éclat était vraiment extraordinaire. La bouche semblait prête à me parler. Cette apparition dura quelque temps. peut-être cinq minutes, peut-être davantage encore, et j’avais la pleine cons-