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et broderies d’or. Le marchand qui l’avait vendu avait affirmé qu’il avait été porté par le cheval d’Henri  II.


Cannes, le 6 avril. — Nous allons à Antibes voir où en sont les travaux du Bel-Ami. Nous le trouvons à terre sur sa quille, soutenu de chaque côté par des gros pieux en bois. Toute sa partie inférieure est recouverte d’un joli cuivre rouge, jusqu’à sa ligne de flottaison ; la partie au-dessus de cette ligne a été grattée, réparée, et a déjà reçu une couche de peinture ; toutes les grosses réparations sont finies. « L’intérieur, nous dit Bernard, est absolument terminé, mais toutes les issues sont bouchées pour éviter la poussière ; je ne pourrai vous le faire voir aujourd’hui. »

Monsieur sourit et dit : « Très bien, très bien. Du reste, pour le visiter, il aurait fallu monter à l’échelle et assez haut, car le Bel-Ami, ainsi hors de l’eau, semble un petit géant. » M. de Maupassant paraît content, on pourra dans une huitaine mettre son bateau à flot ; puis il dit à Bernard : « J’ai reçu une lettre de la maison Livton ; la voilure vous arrivera un de ces jours. »

Nous revenons à pied d’Antibes à Cannes en suivant la grande route, ce qui nous fait passer à côté de notre ancien chalet des Alpes. En le regardant, Monsieur dit : « Nous n’étions pas mal, là. » Mais il est féru de l’idée d’acheter une maison qui se trouve au golfe Juan, où nous arrivons vingt minutes plus tard. Nous voyons un chemin conduisant à un grand château tout blanc, qui se découvre assez loin dans la vallée. Mon maître me dit : « C’est par ici. »

À huit cents mètres, j’aperçois une triste demeure isolée, presque dans le marais ; il y avait des roseaux partout. Je lui fais remarquer ce détail, en lui disant que