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sur lesquels ils sont venus, répondit-il. Ceux de mes écuries serviront ; mais, en tout cas, pour ne pas nous trouver embarrassés, il n’y a qu’à en envoyer chercher quelques-uns de plus chez mes voisins. »

Et sur-le-champ il dépêcha un domestique qu’il chargea de cette commission.

Celui-ci se rappela en route que Guillaume avait un cheval gris magnifique, et réputé le plus beau de toute la province. Le balourd crut que ce serait sans doute flatter sa jeune maîtresse que de lui procurer, pour une cérémonie aussi agréable, une pareille monture, et il alla chez le chevalier l’emprunter.

Guillaume, après avoir remporté le prix du tournoi, avait passé chez son oncle pour chercher la réponse qu’il attendait ; mais ne l’ayant pas trouvé et s’imaginant que le père apparemment faisait quelque difficulté, il était revenu chez lui, du reste si parfaitement tranquille sur cette affaire, si plein de confiance en la parole du négociateur, qu’en entrant il commanda qu’on fît venir un ménétrier pour lui chanter des chansons amoureuses. Il se flattait que son oncle se ferait un plaisir de venir lui annoncer lui-même la réussite de son message, et, dans cet espoir, il avait sans cesse les yeux tournés vers la porte.

Tout à coup, il voit quelqu’un paraître : c’était le domestique qui, le saluant de la part de son maître, lui demande au nom du vieillard, pour le lendemain son beau palefroi gris. « Oh ! de toute mon âme, répond Guillaume, et pour plus longtemps s’il le veut. Mais quel besoin a-t-il donc de mon palefroi ? — Sire, c’est pour mener à Médot, Nina, notre demoiselle. — Sa fille ! Eh ! que va-t-elle faire à Médot ? — Se