Page:Tarsot - Fabliaux et Contes du Moyen Âge 1913.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.

une partie de plaisir plus de dépense que d’autres en apparence bien plus aisés, les reçut avec respect. Il les conduisit dans sa belle salle, les pria de s’asseoir et d’ordonner, assurant qu’il était en état de leur procurer tout ce qu’il y avait de meilleur dans Compiègne et de le leur apprêter de manière qu’ils seraient contents. Ils demandèrent qu’on leur fît faire grande chère, et aussitôt, maître, valet, servante, tout le monde dans la maison se mit à l’œuvre. Un voisin même fut prié de venir aider. Enfin, à force de mains et de secours, on parvint à leur servir un dîner composé de cinq plats ; et voilà nos trois mendiants à table, riant, chantant, buvant à la santé l’un de l’autre, et faisant de grosses plaisanteries sur le cavalier qui leur procurait tout cela.

Celui-ci les avait suivis jusqu’à l’auberge avec son écuyer, et il était là qui écoutait leurs joyeux propos. Il voulut même, afin de ne rien perdre de cette scène divertissante, dîner et souper modestement avec l’hôte. Les aveugles, pendant ce temps, occupaient la salle d’honneur, où ils se faisaient servir comme des chevaliers. La fête aussi fut poussée jusque bien avant dans la