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plus grande peine sans cette pratique. — Nous avons vu déjà que, souvent, dans des circonstances analogues, ils soumettent aussi leurs chevaux au même régime, dans la même intention et avec le même succès.

Au début, les toxicophages prennent à peine 2 centigr. d’arsenic, à peu près le volume d’une lentille ; ils se tiennent pendant quelques temps à cette dose, qu’ils prennent, le matin à jeun, plusieurs fois par semaine, et ils augmentent ensuite peu à peu, au fur et à mesure que la dose habituelle refuse ses effets, de façon à ingérer jusqu’à 20 et même 25 centigr. de hedri à la fois. Jamais, dit encore M. de Tschudi, les symptômes de l’empoisonnement chronique n’apparaissent sur les individus qui savent approprier la dose du toxique à leur constitution et à leur tolérance ; mais il faut le dire aussi, jamais la toxicophagie ne dégénère en passion comme, par exemple, l’opiophagie en Orient, l’usage du bétel aux Indes et en Polynésie, etc., etc. ; chose singulière, elle devient plutôt un besoin pour ceux qui s’y adonnent. En effet, la suppression volontaire ou forcée de l’arsenic provoque tous les symptômes, quoique à un moindre degré, de l’intoxication arsenicale : malaise, anxiété, troubles de la digestion, vomissements, difficulté de respirer, etc. ; et, contre tous ces phénomènes, un seul moyen est efficace, c’est le retour immédiat à l’usage de l’arsenic. — Les arsénicophages obéissent donc, à peu de chose près, aux mêmes lois que nos espèces do-