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mémoire, aidé de son illustre lieutenant A.-N. Morin, était aux prises avec l’Union, cette hydre redoutable que l’Angleterre avait dressée sur les bords du Saint-Laurent dans le but évident de noyer notre nationalité dans les flots du fanatisme saxon. Lafontaine, peu de temps auparavant, s’était séparé publiquement de la fraction turbulente de son parti. Et l’on fut alors témoin d’un rapprochement heureux entre cet homme et le clergé de l’époque. Grâce à cette protection qui fut accordée avec tant de raison à l’immortel champion des droits canadiens-français sous l’Union, l’on vit s’accomplir, en quelques années, ce que l’on avait tenté en vain et à maintes reprises depuis 1791 : la langue française fut rétablie comme langue officielle, la responsabilité ministérielle reconnue, la décentralisation judiciaire devint un fait accompli et la décentralisation municipale débarrassa à jamais les populations rurales du régime autocratique des conseils de district. Lafontaine et Morin, soit qu’ils fussent dans le gouvernement ou dans l’opposition, favorisèrent toujours les intérêts de l’instruction primaire. Les lois de 1841, 1842, 1846, 1849 et 1850 furent successivement passées, se complétant les unes les autres. Dans toutes ces lois, l’organisation paroissiale du Bas-Canada avait été heureusement choisie comme la base et le cadre de l’organisation scolaire.

« Cette organisation paroissiale, dit M. Chauveau, dont les immenses avantages pour les populations canadiennes ont été si bien décrits par M. Rameau, servait heureusement la direction de l’instruction publique dans les endroits où l’influence du curé et des autres amis de l’éducation prédominait ; au contraire, dans d’autres endroits où la masse aveugle résistait à tous les efforts,