Page:Tardivel et Magnan - Polémique à propos d’enseignement entre M. J.-P. Tardivel et M. C.-J. Magnan, 1894.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 96 —

évêques dans leurs diocèses respectifs, ou réunis en concile, constituent l’Église enseignante. Présidés par M. Ouimet et votant à côté de MM. Masson et Langelier, ils forment partie d’un corps civil. Aujourd’hui, ce conseil de l’Instruction publique, par sa composition, sans être l’Église, inspire de la confiance aux parents. Demain, il peut être composé tout autrement et devenir entre les mains du gouvernement un instrument d’odieuse persécution ».

Les mots soulignés l’ont été par M. Tardivel.

Tout ce qui précède serait d’une vérité écrasante si l’État, en notre province, s’était emparé de l’éducation primaire pour en faire sa chose à lui et avait jamais prétendu que ses droits, en cette matière, « outrepassaient » ceux de l’Église. De même que nous nous assurons de la qualité de l’eau, en remontant jusqu’à la source qui la fournit, de même nous allons connaître les principes qui ont présidé à l’établissement de notre système scolaire, en jetant un rapide coup d’œil sur l’époque qui suivit immédiatement l’insurrection de 1837-38.

Au lendemain de ce triste, drame, l’anarchie législative régnait dans le Bas-Canada. Toutes les lois existantes avaient été abolies, et en 1838 le régime martial proclamé. Notre province ne possédait aucune organisation scolaire. Les évêques du temps, après avoir fait l’essai du système paroissial, de 1824 à 1836, exprimèrent le désir que l’État leur vînt en aide dans l’œuvre de l’éducation primaire. L’influence spirituelle seule n’avait pas suffi, il fallait le glaive pour accomplir l’œuvre de Dieu et de l’Eglise. Les circonstances servirent à souhait l’épiscopat canadien. À cette époque, sir H. Lafontaine, ce grand patriote d’impérissable