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travaux apostoliques très considérables. Les soucis de sa charge de pasteur des âmes ne lui faisaient pas négliger ses devoirs de roi.

En reprenant possession de ses États, Pie IX fit une extension de l’amnistie qu’il avait déjà accordée et choisit pour secrétaire d’État et premier ministre le cardinal Antonelli qui occupa ce poste important jusqu’à sa mort, arrivée en 1876. Il reprit paisiblement sa vie de travail, de dévouement et de charité, visitant les hôpitaux, secourant les pauvres, encourageant les industries, les arts et les sciences, remettant l’ordre dans les finances de l’État délabrées par la révolution, pourvoyant à l’éducation de la jeunesse, à l’amélioration du sort des détenus, des orphelins, des veuves, des infirmes et des vieillards. [1] « Nul autre gouvernement en Europe, disait un écrivain italien à cette époque, n’a déployé tant d’activité, tant d’intelligence dans toutes les branches de l’administration, dans tous les genres de travaux. » « La vérité pure, ajoutait M. Louis Veuillot, est que nul peuple au monde n’est aussi libre, aussi respecté de ses chefs, aussi heureux que le peuple romain. »

Et cependant c’est ce gouvernement paternel, clément et sage qu’on a renversé, pour mettre à sa place un gouvernement tyrannique et corrompu, qui, sous prétexte d’affranchir le peuple, l’accable de taxes et de dettes ! Qu’elle est grande la folie des hommes et qu’ils comprennent peu leurs véritables intérêts, même matériels !

Après la guerre de Crimée, le congrès de Paris, qui s’était réuni dans un tout autre but, discuta les affaires de l’État romain. Cavour, ministre de Victor-Emmanuel, attaqua courageusement l’administration pontificale qui n’était pas représentée au congrès. Le représentant de la France, le comte Walewski et lord Palmerston, plénipotentiaire anglais, donnèrent leur appui à Cavour. Mais les autres diplomates ne voulant pas se prononcer sur la question, la discussion n’eut pas de suite pour le moment. Mais dès ce jour la conduite de Napoléon devint suspecte. Il supprima le rapport du comte de Rayneval, ambassadeur français, au ministre des affaires étrangères, rapport qui réfutait victorieusement les accusations portées par Cavour contre le gouvernement pontifical. Le futur héros de Sédan, fidèle aux traditions de sa race perfide, conspirait déjà avec le premier ministre de Victor-Emmanuel contre l’indépendance du Saint-Siège, la suite ne l’a que trop prouvé.

  1. Ls Veuillot, Pie IX.