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évêque de Rome. Il veillait d’un œil jaloux sur son troupeau et ne craignait pas de monter en chaire et de prêcher lui-même l’Évangile à ses ouailles. Il allait dans les paroisses où se faisait la première communion pour distribuer de sa main la sainte Eucharistie aux enfants. Il visitait les hôpitaux, consolant les malades, administrant les mourants. Sa charité ne connaissait point de bornes. On raconte mille anecdotes touchantes qui font voir la bonté du cœur de Pie IX. En voici quelques-unes : Un jour que le Pape allait monter en voiture, un pauvre enfant sanglotait près de la porte. Les gardes veulent l’éloigner, mais Pie IX le fait approcher et l’interroge sur la cause de son chagrin. “On vient, répond l’enfant, de conduire mon père en prison pour une dette de douze écus.” Le Saint-Père se retournant vers sa suite demande si quelqu’un peut lui prêter de l’argent. Personne n’ayant cette somme, il remonte dans ses appartements, rapporte les douze écus et envoie l’enfant délivrer son père.

Un autre enfant, plus hardi, se présente au Quirinal et demande au Pape trente trois paoli, environ 18 francs, pour acheter des médicaments dont sa mère a besoin. Le Saint-Père lui remet une pièce d’or. “Vous me donnez trois paoli de trop, dit l’enfant, et je n’ai pas de quoi vous les rendre.” Pie IX lui dit de garder le tout ; puis il le congédie et le fait suivre pour s’assurer que l’enfant ne l’a pas trompé. Les renseignements ayant confirmé le récit de l’enfant, le Pape le fait revenir. “Tu es un brave garçon, lui dit-il ; pour te récompenser de ta véracité et de ta piété filiale, je t’annonce que je me charge de ton éducation et de ton avenir. — Hélas ! répond l’enfant, cela est impossible, ma mère n’a que moi, je ne puis la quitter. — Hé bien ! répliqua Pie IX, je me charge de ta mère aussi bien que de toi.”

En traversant la ville, Pie IX aperçoit un malheureux vieillard étendu sans connaissance et presque sans vie. Il descend de sa voiture et s’approche de lui : “C’est un juif, dit la foule, et personne ne lui porte secours. — N’est-ce pas un de nos semblables qui souffre, s’écrie le Pape, il faut le secourir.” Et le relevant lui-même, aidé des prélats qui l’accompagnent, il le fait porter à son carosse, le conduit à sa demeure et ne le quitte qu’après l’avoir vu revenir à lui.

Le cardinal Ferretti, neveu du Pape, ayant remplacé en 1847 le cardinal Gizzi, tombé malade, inaugura, de concert avec le souverain Pontife, de nouvelles et importantes réformes. Il établit la garde civique, organisa le gouvernement municipal et