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était de même. L’habitude du Pontificat donne une seconde nature.

« Ses études au Collège romain accomplies, il entra à l’Académie des nobles ecclésiastiques et cultiva avec fruit le droit et la théologie. Grégoire XVI, qui avait la connaissance des hommes, le prit en singulière estime et se l’attacha en le nommant Prélat de sa maison et Référendaire à la Signature (16 mars 1837). Peu après, il l’envoya comme Délégat à Rénovent ; puis à Spolète, puis à Pérouse. Dans ces villes, Mgr Pecci fit preuve de capacité hors ligne, et s’attira l’admiration publique. Il fut en même temps d’une charité toute sacerdotale, d’une équité incorruptible, et d’une fermeté indomptable.

« Son premier pas dans le gouvernement mérite d’être rapporté.

« C’était à Bénévent, pays fâcheusement situé : loin de Rome, qui le négligeait et l’oubliait trop ; une enclave du royaume de Naples, dont les contrebandiers et les brigands se faisaient un lieu d’asile ! L’administration de cette province offrait des difficultés de toute sorte au Délégat. Il y avait des familles aux mœurs féodales, puissantes par la fortune et par le rang, qui méprisaient l’autorité, mais s’inclinaient timidement devant le brigandage napolitain, et le protégeaient contre cette même autorité : l’état de la Sicile en ce moment. Mgr Pecci avait donc à lutter contre deux forces unies contre lui, et que l’on note que les brigands commettaient des actes de férocité atroce, et que les familles s’appuyaient à Rome sur des personnages tout-puissants. Les cardinaux Pacca, Pedicini, de Simone étaient de Bénévent, et prenaient trop souvent parti pour les leurs au mépris du Délégat.

« Mgr Pecci, touché de la condition misérable de la province, résolut de l’améliorer, dût-il briser sa carrière.

« Il commença par obtenir du gouvernement pontifical un employé capable, nommé Sterbini, qui réorganisa la ligne des douanes. Il alla ensuite trouver le roi de Naples, lui fit part de son dessein, et le décida à donner des dispositions sévères. Cela fait, il s’assura de la bonne volonté des officiers de la troupe et de la gendarmerie, et se mit à l’œuvre. Il fallut livrer des combats en règle, poursuivre les brigands dans les châteaux où ils se retranchaient, et entrer de force dans ces citadelles ; car, pris à la gorge par leurs singuliers hôtes, les seigneurs prétendaient que le Délégat violait leurs terres et leurs demeures et résistaient.