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LE CONCLAVE.

messe du Saint-Esprit est chantée pontificalement par le cardinal-doyen dans la basilique de Saint-Pierre, dans la chapelle Sixtine.

Après la messe, un prélat prononce, en présence des cardinaux, un discours dans lequel il les exhorte, au nom de tous les fidèles de la chrétienté, à faire une prompte et sainte élection, à désigner celui d’entre eux qu’ils jugent le plus digne d’être revêtu de l’auguste et sublime dignité de vicaire de Jésus-Christ.

Dans l’après-midi, les membres du sacré Collége se réunissent au Vatican. Ils sont revêtus de la soutane et du manteau violet.

Le soir de leur entrée au Vatican, les cardinaux sont convoqués dans la chapelle du palais. Ils y prêtent serment d’observer les constitutions touchant le Conclave, dont la lecture leur a été faite à la première congrégation, et dont le Cardinal-doyen répète les plus importantes.

Après cette cérémonie, les Cardinaux se retirent dans leurs cellules, où ils reçoivent la visite du corps diplomatique, de la prélature et de la noblesse romaine. Peu d’instants sont consacrés à ces réceptions. Bientôt après un triple coup de cloche se fait entendre, et un maître des cérémonies vient prononcer à haute voix ces deux mots devant chaque cellule : Extra omnes (que tous s’éloignent.) C’est le signal du départ pour les étrangers et le moment de la clôture.

X. — D’après une antique coutume, toutes les issues qui pourraient permettre quelque communication avec l’extérieur sont soigneusement scellées ou murées. Le Cardinal camerlingue[1], les trois Cardinaux, chefs d’ordre, le maréchal du Conclave, le majordome et le commissaire font eux-mêmes la clôture ou président aux travaux qu’elle peut exiger. Pendant toute la durée du Conclave, trois Cardinaux désignés à l’avance doivent veiller à ce qu’elle soit sévèrement maintenue. Les membres du sacré Collége se trouvent ainsi séparés du monde extérieur, par un obstacle matériel.

Une fois entrés au Conclave, les Cardinaux ne sont pas seulement soustraits au mode extérieur : toute communication entre eux est encore interdite.

Pour favoriser cette solitude complète, des appartements entièrement séparés les uns des autres et tous semblables, ont été construits le long d’une immense galerie, dans le bâtiment contigu au Palais dont il a été question plus haut. On désigne ces appartements sous le nom de cellules[2].

Dans cette retraite, chaque cardinal ne peut avoir avec lui que deux personnes de sa maison, l’un à titre de Camérier ou valet de chambre, l’autre en qualité d’aumônier : on les nomme Conclavistes. Inutile de dire pourquoi l’Église a limité ainsi en cette occasion le nombre des serviteurs des Cardinaux : c’est toujours

  1. On désigne ainsi le Cardinal-Intendant. C’est une des premières dignités de la cour pontificale.
  2. Ce n’est pas précisément l’exiguïté de ces appartements qui les a fait désigner sous le nom de cellules : ils sont composés de trois ou de quatre pièces ; c’est bien plutôt le genre de vie que les cardinaux doivent y mener.