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MÉLANGES

Mais Joseph s’écrie : « Tu peux rester dans les chars encore longtemps ; tu es loin, bien loin de Montréal ; ne te presse pas. »

On le conçoit, si Jean-Baptiste écoute le langage perfide de Joseph, il va se trouver à Montréal avant d’avoir le temps d’y penser.

Dans cette petite parabole, Jean-Baptiste représente le peuple Canadien ; le train-éclair, les doctrines et les tendances modernes en matière d éducation ; Québec, les saines doctrines ; Portneuf, l’époque où nous en sommes rendus maintenant au Canada ; Montréal, l’état où se trouvent la France et la Belgique ; Paul, ceux qui jettent un cri d’alarme ; Joseph, les endormeurs dont le nom est légion.

Parlons maintenant du projet de loi du cabinet sur l’enseignement.

Les deux premières clauses ont trait à des questions relativement peu importantes. La clause 3, qui est destinée à devenir aussi célèbre que le fameux article 7 de la loi Ferry, se lit comme suit :

« Le paragraphe deux de la section soixante-cinq du chapitre quinze des Statuts refondus pour le Bas-Canada est abrogé, et les pouvoirs qu’il confère aux commissaires ou syndics d’écoles sont dévolus aux inspecteurs, sous la direction du surintendant. »

Voici maintenant ce paragraphe deux que l’on veut abroger. Lisez bien, c’est à ne pas y croire, et cependant c’est cela :

« 2. — De régler le cours d’études à suivre dans chaque école, pourvoir à ce que dans les écoles sous leur juridiction on ne se serve que de livres approuvés et recommandés par le conseil d’instruction publique ; établir des règles générales pour la régie des écoles, et les communiquer par écrit aux instituteurs respectifs ; indiquer le temps où aura lieu l’examen public annuel, et y assister.

« Mais le curé, prêtre ou ministre desservant aura le droit exclusif de faire le choix des livres qui ont rapport à la religion et à la morale, pour l’usage des écoles et des enfants de sa croyance religieuse. »