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MÉLANGES

Tous nos philosophes savent, ou devraient savoir, que l’homme n’est pas une simple machine ; ils n’ignorent pas non plus qu’il a une autre destinée que celle des bêtes des champs ; qu’il n’est pas ici-bas uniquement pour manger, boire et se vêtir ; qu’il ne vit pas seulement de pain ; qu’il a une âme immortelle à sauver, un Dieu à servir, un ciel à gagner, un enfer à éviter. Ils savent tout cela, vraisemblablement, puisque les Esquimaux évangélisés le savent ; mais, franchement, nous craignons beaucoup que dans leurs savantes dissertations, sur la nécessité d’une éducation pratique, ils ne perdent de vue cette vérité pourtant fondamentale.

Saint Paul nous l’a dit : Il n’y a qu’une seule chose nécessaire, c’est le salut. Tout le reste n’est qu’accessoire.

L’homme a été placé ici bas pour opérer son salut, et non pour amasser des richesses. Le ciel, c’est sa fin et il n’en a pas d’autre.

Or, l’éducation n’est autre chose que le développement des facultés naturelles de l’homme pour qu’il puisse mieux atteindre la fin pour laquelle il a été créé. Il faut donc, avant tout, pour qu’une éducation soit vraiment pratique, qu’elle rende plus facile et plus sûr le chemin du ciel. Une éducation qui ne ferait pas avancer l’homme dans le chemin du ciel serait absolument inutile ; une éducation qui l’éloignerait de ce chemin, serait nuisible au suprême degré.

Emparons-nous donc bien de cette vérité : La seule éducation vraiment pratique est celle qui nous aide à gagner le ciel. L’éducation religieuse doit être la base, le fondement de tout système d’enseignement. La comptabilité, l’arithmétique, les mathématiques, le génie civil ne constituent pas seuls une éducation pratique, pas plus qu’un labourage soigné, un hersage parfait ne constituent une culture pratique si la semence fait défaut.

Mais on dira, sans doute, que l’homme doit au moins manger pour vivre, s’il ne doit vivre pour manger ; que tout en travaillant à sauver son âme il n’est pas obligé de laisser périr son corps.