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MÉLANGES

liant ou intransigeant, neutre ou outré ? Nous ne serons rien de tout cela. Nous serons simplement juste envers tous les hommes, suivant le précepte que nous en fait la sainte Église. En nous mettant en dehors des partis, ce n’est pas pour combattre tel ou tel parti, au pouvoir ou non, mais pour être entièrement libre et impartial dans nos appréciations.

Si l’on nous demande ce que nous pensons des partis, nous répondrons : Dans notre province, nous trouvons qu’il y a trop de haine dans les luttes politiques, et nous croyons que, très souvent, on en veut plus aux hommes qu’aux idées ; tandis qu’il faut être inflexible sur les principes et charitable envers les personnes. Combattre sans cesse les fausses doctrines, pardonner toujours à ceux qui les professent, voilà comment doit agir le chrétien.

On a songé quelquefois à fonder un parti catholique. Ces deux mots jurent l’un avec l’autre ; leur union est choquante. Un parti est quelque chose d’essentiellement circonscrit, local, et peut être changeant, passager. Or, l’Église catholique embrasse l’univers entier, elle ouvre ses bras à tous les fils d’Adam, elle s’étend du ciel à la terre, de la terre au purgatoire, elle existe depuis le commencement du monde, elle n’aura point de fin. Comment voulez-vous renfermer l’Église dans un parti, quelque grand, quelque puissant, quelque honnête qu’il soit ? Un parti catholique, surtout dans la province de Québec, n’est donc pas notre idéal.

Ce que nous voudrions, c’est que tout le monde fût catholique et que personne ne fût partisan. C’est là notre idéal à nous.

Allons-nous usurper la place des Évêques et des curés ? Dieu nous en garde.

Il y a eu peut-être trop de journaux, dans notre pays, qui, se constituant, sans mission, les organes du clergé, ont compromis la cause qu’ils prétendaient défendre. Lorsque nous soutiendrons les droits de la religion, nous voulons le faire de telle sorte que tout le monde comprenne que c’est un simple laïque qui parle, c’est-à-dire un homme dont la place, dans