Page:Tardivel - Mélanges, Tome I, 1887.djvu/380

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
388
MÉLANGES

nement catholique, par des moyens dignes et catholiques, qui pourra jamais le blâmer ? L’Église au moyen âge n’a-t-elle pas béni l’épée des croisés et de nos jours, la baïonnette des zouaves pontificaux ? Ne leur a-t-elle pas donné leur drapeau ? Ne leur a-t-elle pas attaché sur la poitrine ses propres insignes ? Saint Bernard ne se contenta pas d’écrire des pathétiques homélies sur la croisade, mais il recruta des soldats et les lança sur les côtes de la Palestine. Quel inconvénient y a-t-il à ce qu’un parti catholique se lance aujourd’hui dans la croisade permise par les circonstances ? Croisade du journalisme, croisade des cercles, croisade du scrutin, croisade des manifestations publiques, en attendant l’heure historique où Dieu enverra au secours de son peuple captif l’épée d’un nouveau Constantin ou d’un second Charlemagne.


On dira peut-être que le livre de don Sarda est écrit pour l’Europe dont la situation n’est pas celle de notre pays.

Sans aucun doute, le mal a atteint des développements plus redoutables en Europe qu’au Canada ; mais bien aveugle est celui qui ne voit qu’ici et là bas c’est essentiellement le même mal qui travaille la société. En Europe, les catholiques sont obligés de s’organiser pour reconquérir le terrain qu’ils n’auraient jamais dû perdre et qu’ils n’auraient pas perdu s’ils n’avaient dormi pendant que l’ennemi envahissait leur patrie. Le même ennemi — les erreurs modernes, erreurs maçonniques et libérales — nous menace. Que disons-nous ! Il nous attaque depuis longtemps. Convient-il d’attendre, pour songer à la résistance, que nous ayons succombé ? N’est-il pas plus facile de conserver son bien que de le reprendre ? Nous nous vantons sans cesse d’être le peuple le plus catholique du monde. Mais prenons-nous bien les moyens de conserver ce beau titre que déjà plusieurs nous contestent ?