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OU RECUEIL D’ÉTUDES

spéciale — a publié, mardi dernier, un article où perce à chaque ligne, la haine sourde et aveugle que ce journal nourrit contre l’Église.

Le Witness prétend que les livres de M. Parkman, au sujet des jésuites et des relations de l’Église avec l’État sous la domination française, ont « désagréablement surpris une partie considérable de la population de cette province. » Les Canadiens, continue-t-il, « étaient accoutumés à voir, dans les ouvrages des abbés Ferland, Faillon, Laverdière et autres, les missionnaires jésuites de la Nouvelle-France représentés comme des saints, et les évêques et les prêtres comme des modèles de toutes les vertus. »

Est-il possible de parler sur un ton plus injurieux, des écrivains les plus respectables et les plus véridiques du Canada, et d’insulter d’une manière plus grossière à la mémoire vénérée des missionnaires et des prêtres de la colonie ? Je cite ces paroles pour faire comprendre la guerre perfide que le Witness fait à la religion et à ses ministres. Cette feuille procède par insinuations vagues, par accusations générales ; jamais elle ne donne une preuve à l’appui de ce qu’elle avance, jamais elle ne condescend à rien préciser.


Malheureusement pour les intérêts du cléricalisme, continue le Witness, M. Parkman, habitant de la Nouvelle-Angleterre et protestant, n’était pas soumis à l’autorité de la sainte mère l’Église, et il a, conséquemment, écrit une histoire des hommes tels qu’ils étaient et des événements tels qu’ils sont arrivés. Il démontre que les missionnaires jésuites, tout en faisant des sacrifices étonnants, au point de donner leur vie pour la conversion des sauvages et pour étendre la domination de l’Église, étaient cependant sans scrupule, fourbes, menteurs et indifférents aux souffrances humaines. Il faut voir de plus que les autorités ecclésiastiques, sous le régime français, étaient alors, comme elles le sont aujourd’hui, tourmentés par une soif insatiable de pouvoir temporel, et que, dans les luttes entre les deux puissances, les prêtres étaient presque toujours les agresseurs. Les ultramontains de Québec sont donc grandement indignés de l’apparition des ouvrages de M. Parkman. D’une main impie il a retiré le voile que d’autres, par crainte ou par faveur, avaient complaisamment jeté sur les méfaits de l’Église et de ses missionnaires dans la Nouvelle