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MÉLANGES

l’homme que nous avons lutté, il faut que nous luttions contre ces mêmes doctrines, ces mêmes tendances, partout où nous les trouvons. On nous convaincra difficilement que c’est par un tel procédé que nous « aidons puissamment les idées libérales pures. »

Ceci nous amène à parler du « parti de notre religion » que notre correspondant ne veut pas voir démolir.

Nous regrettons beaucoup cette expression. Ce n’est pas ainsi que l’on doit parler de la religion… En identifiant certains hommes politiques avec l’Église on fait un tort incalculable, non à l’Église elle-même, mais aux âmes faibles qu’un pareil langage, qui n’est pas le langage de l’Église peut facilement scandaliser. L’Église condamne les fausses doctrines, et indirectement, ceux qui les professent ; elle condamne même quelquefois directement et nommément les hommes qui travaillent ouvertement pour le mal, ou qui se servent de moyens absolument mauvais ; tels sont les féniens en Irlande, les nihilistes en Russie. Mais jamais l’Église ne s’est identifiée avec un parti politique. Elle dit : voilà ma doctrine, voilà mes enseignements. C’est le devoir des individus, comme des sociétés civiles, d’accepter cette doctrine, de l’appliquer, d’écouter ces enseignements, de les mettre fidèlement en pratique.

Un parti politique qui se conduirait de cette façon pourrait s’appeler catholique. Mais pour avoir droit au titre de parti catholique il faudrait des actes et non pas seulement des paroles.

Voyons maintenant si le parti que notre correspondant qualifie de « parti de notre religion » et qu’il nous défend de démolir, est réellement digne de ce nom. Un coup d’œil jeté sur l’histoire de ces cinq ou six dernières années suffira pour nous convaincre que notre correspondant a cent fois tort.

Nous ne parlerons pas, pour le moment, du scandale qu’ont donné trop de chefs conservateurs en ayant recours à la corruption aux époques électorales. Ils ont prétendu se justifier en disant, ce qui était vrai, peut-être, que les libéraux agissaient de la même manière.