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OU RECUEIL D’ÉTUDES

« M. Joly et les siens sont nos hommes, » voilà le grand crime qu’on nous reproche. Eh bien ! nous n’en sommes pas du tout coupable.

Mais d’abord ce pauvre M. Joly, on se fait de lui, avec peu de raison, selon nous, une espèce d’épouvantail. Nous sommes loin de l’admirer, mais il ne mange pas le monde. Par exemple, nous voudrions savoir quelle différence réelle il y a entre lui et M. Lynch ? L’un et l’autre sont protestants, l’un est aussi libéral que l’autre. Et, cependant, notre correspondant accepte M. Lynch, et frémit d’épouvante au seul nom de M. Joly. Il faut être plus raisonnable que cela. M. Joly s’est opposé à la vente du chemin de fer ; nous croyons qu’il a eu raison sur ce point. Parce que le député de Lotbinière dit que deux et deux font quatre, faut-il que nous montions sur les toits proclamer au monde que deux et deux font cinq ? Nous laissons cette besogne aux partisans, outrés ou non.

Voilà pour M. Joly, qui n’est pas plus « notre homme » que par le passé. Voici maintenant pour les « siens ». À nos yeux, ils sont plus dangereux que M. Joly lui-même et moins que lui encore, si c’est possible, ils sont « nos hommes. »

M. Mercier, par exemple, ne nous inspire aucune confiance. Il est imbu des idées libérales les plus avancées. Mais si demain, sans renoncer à un seul de ses principes, il entrait dans le cabinet Chapleau, il serait aussitôt absous aux yeux de notre correspondant et de ceux qui pensent comme lui ; de ceux pour qui les hommes sont tout, les idées rien.

Il y a aussi M. François Langelier. Nous l’avons combattu de toutes nos forces tant qu’il était dans la vie publique ; s’il y retourne avec son bagage d’idées anti-sociales, nous le combattrons encore.

Mais pourquoi avons-nous combattu l’ancien député de Portneuf ? Est-ce parce qu’il s’appelle François Langelier ? ? Cela ne nous paraît pas être un motif suffisant. Nous lui avons fait la guerre parce qu’il a soutenu certaines doctrines subversives, parce qu’il a combattu certains principes essentiels. Donc, pour être logique, puisque c’est contre les idées et non contre