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MÉLANGES

les gens de la Minerve et toute cette misérable cohorte qui ne vaut pas mieux que la petite clique de la Patrie ; mais ils ont tort de se laisser compromettre par cette dernière, sous prétexte de ne point favoriser les bleus. Qu’ils brisent ouvertement, énergiquement avec les francs-maçons de la Patrie, sans en aucune façon s’allier aux aventuriers politiques qui se décorent du nom de libéraux-conservateurs.

Nous croyons que dans un avenir plus ou moins rapproché, les libéraux qui veulent rester catholiques, qui respectent l’autorité religieuse, mais qui n’aiment pas plus que nous que les hommes politiques se servent de la religion au lieu de la servir, qui reprouvent également les persiflages de la Patrie et les hypocrites protestations de la Minerve, nous croyons, disons-nous, que ces libéraux finiront par se détacher entièrement de l’école radicale sans entrer dans les rangs du parti libéral-conservateur.

Nous prévoyons donc, dans l’avenir, trois partis nettement tranchés, encore plus tranchés que les trois partis qui existent actuellement. Il y aura d’abord les radicaux, formés à l’école de la Patrie et de l’Union de Saint-Hyacinthe. Ces gens là, avant longtemps, afficheront publiquement l’impiété, comme déjà ils affichent leur admiration pour les impies de France ; ils demanderont toutes sortes de « réformes » plus échevelées les unes que les autres ; ils s’attaqueront directement à l’Église ; ils marcheront, en un mot, sur les traces de leurs ainés d’Europe.

En face de ce parti extrême, il y aura un groupe plutôt qu’un parti, un groupe d’hommes affirmant courageusement tout ce que les radicaux nient, niant hardiment tout ce que les radicaux affirment. Ce groupe, composé des hommes sincères qui gémissent aujourd’hui à la vue des excès et des faiblesses de l’esprit de parti, ne sera peut-être pas nombreux, mais il sera fort parce qu’il sera guidé, non par la passion ou le préjugé, mais par des principes sûrs ; parce qu’il ne combattra ni pour ni contre les hommes, mais pour ou contre les idées. Ces hommes proclameront par leurs actes aussi bien que par leur parole que le pouvoir politique vient