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MÉLANGES

On lisait dans l’Événement du 20 mars dernier :

M. Joly, qui invariablement a mis son veto sur tout projet d’entente avec les éléments modérés du parti conservateur, qui a fait sur ce point les déclarations les plus nettes et les plus fermes, cède tout-à-coup au courant qu’il a combattu lorsqu’il avait si peu de chose à faire pour lui obéir. Il cède même complètement ; ce n’est plus assez pour lui d’accepter une alliance honorable ; il rêve pour lui-même et son parti l’effacement. Il s’offre lui-même, il offre son parti, non pas aux conservateurs-libéraux, mais aux conservateurs purs, et pour bien montrer qu’il est sincère dans sa foi nouvelle, c’est vers le diocèse des Trois-Rivières qu’il porte ses pas. On lui entr’ouvrait un sanctuaire fleuri, c’est à la Trappe qu’il veut s’enfermer.

… L’avenir que nous amènerait l’agitation actuelle, si elle était victorieuse, est visible pour tous. C’est le conservatisme pur qui triompherait, le conservatisme sans le moindre alliage de libéralisme, le conservatisme que M. Letellier avait frappé le 2 mars…

L’opinion libérale est plus clairvoyante que ceux qui prétendent la guider ; elle va au fond des choses. Entre trois régimes, l’un ouvert à tous, basé sur la conciliation, qui est le régime actuel, l’autre, celui qui lui succéderait, fermé à tous ceux qui n’ont pas grandi dans le sanctuaire, et le troisième, le sien, qui s’efface, elle ne saurait donner ses préférences à celui des trois qui s’éloigne le plus de ses aspirations constantes…

Il (le peuple) sait bien, il sent bien que, de tout ces hommes qui s’agitent devant lui, ou qui planent dans un nuage au-dessus de sa tête, celui qui est le plus à lui, tête, cœur et bras, c’est M. Chapleau.

Écoutons maintenant un autre organe libéral-conservateur. Dans d’autres termes, il nous donnera le même enseignement. On lit dans le Quotidien du 22 mars :

La victoire du deux décembre dernier a eu un double résultat. Elle a anéanti les libéraux et fait comprendre à la faction des ultra-conservateurs qu’il ne faisait pas bien de s’attaquer au gouvernement. La défaite a été plus humiliante pour les mécontents que pour les adversaires déclarés.

Le 27 avril, le même journal, parlant de la lutte contre le gouvernement, disait :