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Nous croyons que l’indépendance du Canada se produira graduellement, sans secousse, par la force même des événements, avec le plein consentement de l’Angleterre. Nous voudrions que l’on s’habituât ; à cette pensée, : que le Canada sera un jour appelé à se gouverner tout seul. Le lien colonial est de sa nature même destiné tôt ou tard à se rompre. Il est grandement à désirer que le peuple canadien ait assez, conscience de sa propre dignité pour que, advenant cette rupture, il n’aille pas se jeter entre les bras de notre puissante voisine.

Les écrits comme ceux de M. Eckart sont déplorables parce qu’ils ont pour but de faire croire aux Canadiens que, le lien colonial cessant, nous serons nécessairement et infailliblement absorbés par les États-Unis. C’est un sentiment peu patriotique qu’au lieu d’entretenir il faudrait combattre.

Quant à la fédération de toutes lus colonies de la Grande-Bretagne, encore une fois, c’est une chimère. Il ne faut pas être un profond observateur des événements pour se convaincre que l’Angleterre a atteint et dépassé l’apogée de sa puissance et de sa gloire ; elle décline visiblement, son prestige diminue, elle est sourdement minée par l’esprit révolutionnaire agissant au moyen des sociétés secrètes, et le jour n’est peut-être, pas éloigné où elle sera le théâtre de bouleversements sociaux et politiques très graves. Rêver pour elle en ce moment un accroissement de pouvoir, c’est une folie sans nom.


LE SCRUTIN SECRET


7 janvier 1882


Plusieurs de nos confrères discutent vivement la question du scrutin ; le Canadien, le Courrier du Canada, le Courrier de Saint-Hyacinthe demandent l’abolition du système actuel et le rétablissement du vote de vive voix. Les feuilles libérales, au contraire, défendent le