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MÉLANGES


Voici maintenant ce que Papineau écrirait dans son « Histoire de l’insurrection du Canada », publiée à Paris en 1839 :


Les Canadiens n’ont aucune justice à espérer de l’Angleterre ; pour eux, la soumission serait une flétrissure et un arrêt de mort.


Et ailleurs, dans la même brochure, cet homme qu’on nous représente comme un agitateur constitutionnel, comme un second O’Connell, pousse ce cri féroce.


Aussi, parmi les acteurs de ce drame sanglant, n’y en a-t-il aucun qui se répente d’avoir tenté la résistance ; et parmi leurs concitoyens, il n’y a pas un sur mille qui leur reproche de l’avoir fait. Seulement il y a dans l’âme de tous un chagrin profond que cette résistance ait été malheureuse, mais en même temps un grand espoir qu’elle sera reprise et prévaudra.


Le souvenir des malheurs qu’il avait causés à sa patrie ne l’arrête pas ; les pleurs des veuves et des orphelins qu’il avait faits ne touchent pas son cœur ; le spectre sanglant de ses compatriotes tombés, par sa faute, à Saint-Denis et à Saint-Charles ne l’effraie point : Il veut reprendre son œuvre de désolation et de ruines, il veut pousser de nouveau ses frères à la révolte pour les abandonner encore au moment du danger.

Mais cet homme fait horreur, et on veut le donner comme un modèle à la jeunesse !

C’est une honte !


III


Étudions maintenant Papineau au point de vue de l’art dramatique.

Mais d’abord rendons cette justice à M. Fréchette : Il connaît la grammaire française. Pour un membre de la Société d’admiration mutuelle, c’est beaucoup. En lisant les ouvrages de M. Fréchette on est certain de ne pas rencontrer à chaque page ces phrases merveilleusement, je dirai même savamment incorrectes qui caractérisent les écrits de certaines gens de plume que je pourrais nommer. Sa prose, cependant, est in-