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Neuve et ceux que portent des villages de la Biscaye. Quelquefois ces étymologies sont affreusement tirées par les cheveux. « Ainsi, dit-il, le nom de Rognouse, serait celui d’un bourg désigné sous le nom d’Orrongne à une demi-lieue de Saint-Jean de Luz.» S’il faut si peu de ressemblance pour établir une étymologie, je serais parfaitement en droit de dire que Marmette vient de marmite, ou que Nazaire vient du mot hebreu nabal, qui signifie cruche.

Mais c’est en parlant, d’après un vieux mémoire, de l’étymologie du mot Canada, que M. Marmette est sublime : « Ils, (les Basques) découvrirent alors les côtes du Canada qu’ils nommèrent ainsi, sans doute, à cause du grand fleuve qu’ils voyaient s’enfoncer dans les terres, car ce mot veut dire canal ! ! » Je n’ai pas eu l’avantage de voir le Saint-Laurent à son embouchure, mais je l’ai vu à la Malbaie, et je ne crains pas d’affirmer que, même à cet endroit, il ne pourrait venir à l’idée de personne de le comparer à un canal.

J’ai toujours cru, d’après les géographes le plus en renom, que Saint-Malo, port d’où Jacques-Cartier fit voile pour aller à la découverte du Canada, était dans la Bretagne. Il paraît que ce n’es pas le cas, puisque M. Marmette nous assure que « c’est des bords de la Normandie que devaient s’élancer plus tard ces deux marins distingués qui allaient, l’un faire connaître à l’Europe l’existence du Canada, et l’autre jeter sur cette nouvelle terre le grain de sénévé de l’Évangile et de la civilisation. »

Mais la palme du ridicule revient incontestablement à M. Nabal ou Nazaire LeVasseur. Le titre et la première phrase seuls de son écrit nous font pouffer de rire. Transcrivons :

Oui, certainement les Basques !
Québec, 9 avril 1879.
Mon cher comte,

À propos de la conversation que nous avons eue hier sur quelques points de l’histoire du Canada, et entr’autres sur les découvertes des Basques dans le