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l’existence de ce continent, et la « gloire qui leur revient » serait assez mince.

« L’existence du courant basque-canadien, dit M. Faucher, une fois prouvée au monde savant, l’hypothèse du comte de Premio-Real devient irréfutable. » C’est là un bel échantillon de la nouvelle logique inventée par la société d’admiration mutuelle. En admettant l’existence de ce courant, l’hypothèse de M. le comte, loin d’être irréfutable, serait à peine acceptable, car les documents mêmes que cite M. Faucher prouvent que ce n’est pas le hasard qui a conduit les Basques vers le continent américain :

Les grands profits, et la facilité que les habitants de Capbreton près Bayonne et les Basques de Guienne ont trouvé à la pêcherie des baleines, ont servi de leurre et d’amorce à les rendre hasardeux à ce point que d’en faire la queste sur l’Océan, par les longitudes et les latitudes du monde. À cet effet ils ont cy-devant équippé des navires pour chercher le repaire de ces monstres. De sorte que suivant cette route, (ici je cite d’après Michel et non d’après M. Faucher qui tronque le document) ils ont découvert, cent ans avant les navigations de Christophe Colomb, le grand et petit banc de morue, les terres de Terre-neufve, etc.

De sorte que ce n’est pas le hasard mais l’amour du gain qrri a poussé les Basques vers l’occident. Du reste, le savantissime M. Marmette l’affirme en ces termes :

Les baleines, dont ils faisaient la pêche de temps immémorial, devenant de plus en plus rares sur la côte d’Espagne, les Basques se mirent à leur donner la chasse sur la haute mer. L’expérience ayant bientôt démontré que ce genre de cétacés se montrait de plus en plus nombreux, à mesure qu’on avançait dans l’ouest, ils poussèrent hardiment jusque sur les bancs de Terre-Neuve.

L’étude de M. Marmette, du reste, ne porte aucune nouvelle preuve à l’appui de la thèse que soutient M. le comte. On voit que les Basques ont été des premiers à fréquenter les côtes du Canada, voilà tout.

M. Marmette s’amuse à découvrir des ressemblances entre les noms donnés à certains endroits de Terre-