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clairement que les Basques fréquentaient les côtes de Terre-Neuve et du Labrador longtemps avant l’arrivée de Jacques-Cartier dans le golfe Saint-Laurent. Tout le monde sait cela ; de plus, tout le monde — j’entends tout le monde qui étudie l’histoire — sait que, dès le dixième siècle, les Islandais et les Norvégiens fréquentaient ces mêmes parages. Donc, il est puéril de vouloir prouver que les Basques ont connu les côtes du Labrador et de Terre-Neuve avant Jacques-Cartier, car c’est chose admise ; de même qu’il est absurde de dire que les Basques ont été les premiers à découvrir le Canada, car rien, surtout rien dans l’écrit de notre quatuor, ne le prouve.

Voilà pour le fond, ou le manque de fond, si vous aimez mieux, de cette brochure ; examinons-en maintenant la forme.

D’abord, nous avons un avant-propos par M. le comte. Puisqu’il s’agit des Basques ou des Vasques, on ne sera pas surpris d’apprendre que Son Excellence a voulu écrire le français comme un Vasque espagnol. Elle a merveilleusement réussi. Voici un échantillon de son style.

« Il [M. Bouillet] ajoute aussi qu’on prouve au moyen d’arguments ; si par arguments il entend ce que j’entends moi-même, alors il est prouvé que les Basques ont été les premiers Européens connus de l’époque moderne qui aient fait des découvertes au Canada.

Oui-da ! Et si par hasard M. Bouillet n’entendait pas par le mot argument ce que M. le consul entend, — ce qui est fort possible — il ne serait pas prouvé que les Basques, etc. De sorte que la découverte du Canada par les Basques dépend de la signification qu’il faut donner au mot argument ! Singulière proposition, en vérité.

Le passage suivant m’a beaucoup amusé ; je le cite tel qu’on le trouve dans la brochure. « Il s’agit du mot « basque. » Basque (en Espagnol vasco ou vasgongado, basque euscaldunac) est le nom d’une population qui habite le sud de la France et le nord de l’Espagne. » Cette vérité de La Palisse, énoncée