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bles de trouver de la poésie dans un rhume de cerveau.

M. Legendre dit que l’idée est à l’aise dans le vers. Certes, oui on pourrait y mettre encore plusieurs autres idées de cette force sans rien gêner.

Mais laissons les quatre saisons à l’admiration de M. Legendre ; passons par-dessus l’Inconnue qui se cachait le pied dans la mousse amoureuse ; passons par-dessus l’écolier, dont les « trous de son habit laissent voir sa chemise. » — M. Legendre prétend que c’est de la « véritable poésie » — ; passons aussi par-dessus le Pastel, représentant, entre autres choses, des ogives et des vieux ponts qui prennent « à qui mieux mieux des airs de nostalgie » ; arrêtons-nous un instant devant Les amoureux. Ce morceau commence par les merveilleux vers que voici :

Cet amour réchauflé s’anime aux feux de l’âtre.
Ils s’étaient rencontres au sortir du théâtre,
Comme ceci ; l’instant de se dire au revoir.

La société d’admiration mutuelle devrait offrir une récompense honnête à celui qui trouvera une explication plausible à cette charade.

Dans la pièce intitulée. : Fatalité, le poëte se montre sous ses véritables couleurs. Une jeune fille est occupée à l’aire sa toilette, et le musagète ne craint pas d’avouer qu’il la regarde par la porte entr’ouverte. C’est là, sans doute, une de ces « allures cavalières » que M. Marmette signale, à l’admiration du public.

Les transitions de M. Évanturel sont parfois heureuses. Exemple :

Le poëte entre dans la demeure d’un homme qui s’est fait tuer par le tonnerre :

…le cadavre avait la face noire.
À la cloison pendait un crucifix d’ivoire.
Pas de feu. La misère et le deuil à la fois.
L’ouragan descendait de la cime des bois,
Et, courant vers les flots, semblait vouloir les tordre.
Le vieux chien se dressa sous le lit pour me mordre,
J’eus peur. Un nouveau né dormait sur l’établi.