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Je ne puis résister plus longtemps à la tentation de citer textuellement un passage de M. Marmette :

« Ainsi que la belle fille célébrée dans le sonnet bien connu de Joséphin Soulary, laquelle enferme son corps souple dans une robe juste et collante qui fait valoir toute l’exquise perfection de ses formes, les petits drames dont se composent le grand nombre des productions de M. Évanturel, s’agitent dans un cadre de peu de dimension et veulent suppléer à la profusion des ornements par la délicatesse des lignes et le fini des contours. »

D’abord, une question : Connaissez-vous Joséphin Soulary et son sonnet bien connu ? Je le demande aux hommes qui s’occupent de littérature. Ou si vous les connaissez, n’est-ce pas M. Jacques Auger qui vous les a fait connaître ?

Puis, comment trouvez-vous la toilette de la belle fille ? Je me trompe peut-être, mais il me semble que M. Marmette a un goût très-prononcé, trop prononcé même pour les costumes « justes et collants. »

Après ces réflexions d’une haute portée morale, M. Marmette prend la peine de citer plusieurs morceaux de M. Évanturel, qu’on peut lire vingt pages plus loin, sous prétexte d’en faire ressortir des beautés imaginaires. C’est un misérable truc pour faire lire ces vers deux fois. Je le dénonce comme « manœuvre frauduleuse. »

Mais puisque M. Marmette nous en donne le fâcheux exemple, citons des vers de M. Évanturel :

J’étais sorti, croyant la voir après la messe.
J’attendis vainement jusqu’au soleil couché,

Je revins cependant sans paraître fâché,
Très lentement, les yeux levés, la tête haute.
Mais j’ai battu mon chien en entrant. C’est sa faute.

M. Marmette nous donne sa parole de romancier que ce dernier vers est un « trait piquant de joyeuseté, un jet d’humeur. » Je suis bien aise de le savoir, car franchement je n’y voyais d’abord qu’une platitude, pour ne pas dire une stupidité. Et même avec l’aide