Page:Tardivel - Mélanges, Tome I, 1887.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
210
MÉLANGES

LES EXPOSITIONS


25 août 1881.


Croit-on sérieusement que les expositions de comté, les expositions provinciales, les expositions de toute la Confédération produisent des résultats quelque peu en rapport avec les sommes énormes qu’elles nous coûtent ? S’il y a un homme sérieux et compétent qui soit de cet avis, nous voudrions bien le connaître.

Les expositions de comté, surtout, ne méritent certainement pas qu’on les conservent plus longtemps. L’argent qu’on y dépense, chaque année, serait infiniment mieux employé à ouvrir des chemins de colonisation.

Les griefs contre les expositions de comté sont nombreux et nous n’entreprendrons pas de les énumérer tous aujourd’hui. Nous nous contenterons d’en signaler le plus important : Ces expositions ne créent point l’émulation chez des cultivateurs. C’est une affaire de routine. Les mêmes personnes remportent les mêmes prix pour les mêmes animaux tant que ces personnes ou ces animaux vivent. Voilà la règle générale. Il peut y avoir des exceptions, mais elles sont extrêmement rares.

Ce n’est pas en admirant, pendant cinq ou six années consécutives, le même bœuf importé, que nos cultivateurs apprendront à faire du meilleur beurre. Quelques « minots » de blé ou d’avoine récoltés sur une « planche » de terrain cultivée expressément en vue de l’exposition, ne feront jamais faire un pas à nos compatriotes dans la voie du progrès agricole. Et quand bien même on exposerait la même pièce d’étoffe pendant cent ans, on n’établirait pas, par ce procédé, une seule nouvelle industrie domestique.

La routine : voilà le grand mal qui afflige non-seulement nos cultivateurs, mais nos députés et nos ministres.

Qu’ils sont nombreux ceux qui reconnaissent l’inutilité relative de ces expositions ; cependant, chaque année