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OU RECUEIL D’ÉTUDES

base de la politique, c’est ce que nous voulons, c’est ce que tout catholique doit vouloir ; mais dire qu’il n’est pas permis de différer d’opinion, sur une question parfaitement libre, avec M. Chapleau, M. Lacoste, ou même avec M. le curé Labelle, sans mériter le reproche d’insubordination aux décrets de Rome, c’est le fait, non d’un catholique, mais d’un esprit complètement dévoyé.

Pour qu’on ne puisse pas nous accuser d’exagérer la pensée de notre confrère, nous citons encore une phrase du Nord : Parlant toujours de M. de Boucherville et de son opposition au projet de loterie, notre confrère dit :

Ce qu’il comprend se réduit à de bien pauvres idées sur les devoirs d’un homme d’État et à de misérables chimères qu’une religion faussée et une ignorance complète du dogme et de sa pratique ont enracinées dans son esprit.

S’il ne s’agissait de choses si graves, ce serait superlativement amusant de voir M. Nantel ériger la croyance aux loteries en dogme. Mais vu le scandale, loin d’être amusant cela est triste au suprême degré.

Le Nord a un autre tort très-grave, c’est de chercher à faire croire au monde qu’il parle en ce moment au nom de tout le clergé catholique de la province. Or, nous savons que tel n’est pas le cas, nous savons que plusieurs membres du clergé ne voyaient pas d’un bon œil ce projet de loterie.

Entre admettre que les loteries sont permises, en thèse générale, et ne pas avoir confiance en tel projet de loterie, il y a un abîme qui sépare le bon sens d’avec la passion aveugle.

Il peut fort bien se faire qu’un grand nombre de prêtres soient favorables au projet de loterie dont il s’agit ; et personne ne songe à leur reprocher cette opinion. Mais une chose dont nous sommes bien convaincu, c’est que pas un membre du clergé ne voudrait signer l’article échevelé et tout à fait regrettable que vient de publier le Nord.