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MÉLANGES

lesquelles sont aussi vieilles que le paganisme ; étant données les feuilles qui prêchent sans cesse l’affranchissement de l’État des lois de Dieu, qui proclament ouvertement que l’Église n’a absolument rien à voir dans le gouvernement des peuples, que le pouvoir civil est au-dessus du pouvoir religieux, que l’électeur, le député et le ministre ne doivent, comme tels, aucun compte de leur conduite au Tout-Puissant ; étant donnée cette presse perverse, il faut de toute nécessité une presse franchement et hardiment catholique, qui affirme avec courage et constance les principes chrétiens, en dehors desquels les sociétés ne peuvent trouver ni sécurité, ni paix, ni bonheur, ni même une prospérité matérielle vraiment durable.

Mais encore, dira-t-on, il faut que cette presse catholique soit entre les mains du clergé, car les laïques n’ont pas la mission de conduire l’Église.

Sans doute, le clergé a le droit d’écrire dans les journaux, et nous serions les derniers à le lui contester. Mais il arrive souvent que dans les luttes quotidiennes de la presse, ceux qui y prennent part reçoivent de terribles horions, se voient attaquer de la manière la plus déloyale. Un prêtre, qui a charge d’âmes surtout, ne voudrait pas toujours s’exposer aux calomnies des ennemis de l’Église, de crainte de compromettre son ministère. Mais un laïque peut se mettre au blanc sans inconvénient ; il recevra de rudes coups, mais l’Église, mais le clergé n’en seront pas atteints. C’est pourquoi le rôle de journaliste catholique convient surtout au laïque. Certes, le laïque ne doit pas trop se fier à ses propres lumières ; il doit étudier beaucoup, il doit surtout consulter souvent des théologiens dont la doctrine est sure et qui puissent lui indiquer clairement où est le vrai et où est le faux. Ainsi éclairé, le journaliste laïque ne doit pas craindre de marcher résolument en avant sans s’inquiéter des clameurs qui s’élèvent contre lui de toutes parts.

Reste cette autre objection : Les laïques ne doivent pas chercher à conduire l’Église. Sans doute, ils ne doivent pas le faire, et ceux qui l’entreprendraient