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CHAPITRE IX. — PARMÉNIDE D’ÉLÉE.

pourquoi elle se rapproche plus en réalité des opinions vulgaires, que ne le faisaient celles de Parménide et d’Empédocle.

Mais, quelles que soient les différences de ces trois théories, elles n’en ont pas moins un point commun, elles ne s’accordent pas moins dans une conception toute spéciale de la lumière, dont on ne retrouve pas de traces en Ionie. Si l’on pouvait supposer que chez Parménide elle soit originale, sa présence chez Empédocle s’expliquerait par un emprunt ; mais l’adoption de la même conception par Philolaos et, d’autre part, la circonstance que les doctrines physiques exposées par l’Éléale doivent, en principe, être considérées comme étrangères à ce dernier, ne nous laissent qu’une conjecture : c’est qu’il s’agit là d’une opinion qui a eu cours dans l’école pythagorienne dès les premiers temps, et qui par conséquent peut remonter à Pythagore lui-même. Quant à la formule primitive de cette conception, il serait trop aventureux d’en essayer la restitution.




DOXOGRAPHIE DE PARMENIDE

1. Théophr., fr. 6 (Alex. in metaph., p. 24). — Sur Parménide et son opinion, voici ce que dit Théophraste dans le premier livre « Sur les physiciens ».

Survenant après lui (Xénophane), Parménide, fils de Pyrès, d’Élée, entra dans l’une et l’autre voie. D’une part, il affirme que l’univers est éternel, de l’autre il essaie de rendre compte de la genèse des choses. C’est qu’il ne pense pas de la même manière dans les deux cas, mais qu’il admet qu’en « vérité » l’univers est un, inengendré, sphérique, tandis que, pour expliquer la genèse des phénomènes selon l’« opinion » commune, il prend deux principes, le feu et la terre, celle-ci comme matière, celui-là comme cause et comme agent.

2. Théophr., fr. 6 a (Diog. L., IX, 21, 22). — Parménide, fils de Pyrès, d’Élée, auditeur de Xénophane (qui le fut lui-même d’Anaximandre, d’après Théophraste dans l’Épitomé), ne suivit cependant pas son maître.....

Il fut le premier à affirmer que la terre est sphérique et située au centre. Il reconnut deux éléments, le feu et la terre, qui jouent le rôle, l’un de l’artisan, l’autre de la matière. Les hommes seraient