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teur de vostre ingénuité chose convenable à votre divine pensée (laquelle sur toutes choses tendant à son propre lieu, recherche la cognoissance des grandeurs et perfections de Dieu, et de toutes sainctes disciplines), j’ai trouvé ce Pimandre de Mercure dict des anciens trois fois très grand, par tant de milliers d’ans délaissé sans interprétation, et par lequel non seulement les excellences et grandeurs de Dieu reluysent : mais la philosophie (si longuement rejettée d’aucuns professeurs de la religion chrestienne) se trouve totalement conjointe par acquisition de la cognoissance de ce souverain bien (seul but des philosophes et chrestiens), lequel suivant vostre commandement reçu avec très humble honneur et reverance, je présante à Vostre Majesté, désirant que outre la cognoissance des excellences et grandeurs qu’il plaira à Dieu communicquer à vostre divin entendement, il y puisse pareillement continuer l’estude de la vraye philosophie chrestienne et inquisition de la cognoissance des vertus et bonté de ce souverain bien, désiré de tous amateurs de sapience et vérité chrestienne, qui nous est annoncé par ce grand Mercure, nous donnant la plus ancienne escripture que nous sçachons estre ce jourd’huy sur la terre venue jusques à nostre temps[1]. Vostre Majesté, Madame, avec son bon plaisir, m’honorera tant de recevoir ce petit mien labeur pour agréable, ensemble vostre très humble et très obéissant serviteur, lequel supplie la souveraine bonté, créateur, facteur et conservateur de toutes choses augmenter en Vostre Majesté ses dons et grâces en perpétuel accroissement de grandeur, attendant le fruict et jouissance de sa perpétuelle félicité.

Je négligerai les vers grecs et latins composés par divers poètes de l’Aquitaine en l’honneur du Pimandre et de son interprète[2], je négligerai aussi la dissertation d’un M. de Saint-Marc intitulée : Du temps qu’a fleury Mercure Trismé-

  1. Je n’ai pas besoin de dire combien Fr. de Foix se trompait en accordant une aussi grande antiquité à nos livres qui appartiennent manifestement aux premiers siècles de l’ère chrétienne, comme Casaubon le premier l’a reconnu. Sur l’origine des livres hermétiques, on peut consulter l’excellente étude qui précède la traduction complète donnée par M. Louis Ménard des livres venus jusqu’à nous sous le nom d’Hermès Trismégiste. (Paris, Didier, 1866, 1 vol. in-4o.) En rendant compte de cet ouvrage dans la Revue bibliographique et littéraire de septembre 1867, je ne manquai pas de reprocher à l’auteur de n’avoir même pas prononcé le nom de Fr. de Foix dans une introduction de plus de cent pages.
  2. Les vers grecs sont d’Etienne Maniald ; les vers latins sont de Jean Guijon et d’un autre poète qui signe simplement R. L.