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vous l’ayez commandé), qu’il en ayt esté faict punytion d’ung seul en tout ce temps là, de sorte que ceulx qui ont quelque peu de jugement et cognoissent l’humeur de ce peuple, veoyant bien qu’ilz ne s’arresteront pas là, s’il n’y est remédié par vostre auctorité et quelque punytion exemplaire, affin que nous puissions vivre en quelque asseurance, aultrement il vous plaira, Madame, m’excuser si je ne m’expose à la fureur indiscrète et brutalle de ce peuple. Je vous supplie très-humblement, Madame, pour l’asseurance que j’ay de vostre bonne volunté, commander qu’il y soiet donné ordre, comme je prie Dieu vous donner très-bonne et très-longue vie.

De Cadillac, ce vie de janvyer[1].

Vostre très-humble et très-obeyssant serviteur,
CHRISTOFLE DE FOIX, evesque d’Ayre.


On comprend que Christophe de Foix ait cherché, avec d’autres ardents catholiques, à empêcher de nouveaux excès. En 1564, il voulut, aidé de son frère le comte Frédéric et de quelques autres grands seigneurs de la Guyenne, opposer aux calvinistes une sorte de ligue défensive et même offensive, mais cette tentative de croisade à l’intérieur dut être bientôt abandonnée devant la désapprobation royale[2].

  1. La lettre (Bibliothèque nationale, Fonds français, vol. 3186, p. 14) n’est pas datée quant à l’année, mais elle se trouve au milieu de documents qui tous appartiennent à 1561 et, d’ailleurs, les événements qui y sont signalés se rapportent parfaitement à cette même année (A. S.). Le volume 17021 du Fonds latins renferme (p. 29) l’extrait suivant d’une lettre écrite à l’évêque de Dax, alors en cour (François de Noailles), par un chanoine de Dax du nom de Cashavaly, le 1er janvier 1562 (N. S.), extrait qui confirme en tout point les plaintes de Christophe de Foix : « Monseigneur, nous sommes effrayés en ceste ville que les embuches que nous sont apprestées nous menassent de pareille ruyne qui a este faite à l’esglise de la ville d’Ayre et abbaye du Mas et à toutes autres esglises du diocèse d’Ayre. Les dicts séditieux n’ont laissé en esglises ornemens, calices, documens, et generalement toutes choses desquelles l’on se peut ayder pour faire le service divin. Les religieux, reiligieuses, prestres, saccagez, battuz, despoillez, brief tout s’en va en ruyne, mesme ceulx qui tiennent l’ancienne religion. Monseigneur, je vous puis asseurer que despuis la secte des Albigeois n’a esté veue desolation si cruelle… » (Trésor de Noailles.)
  2. Voir sur cette confédération les Mémoires de Condé (t. v, p. 170) l’Histoire écrite par le président de Thou (t. iv de la traduction française de Londres, p. 652), l’Histoire universelle d’Agrippa d’Aubigné (t. i, p. 204, etc.) En cette même année 1564, Christophe de Foix (Christophorus de Fuxo) assista, avec Louis de Lur, vicomte d’Uza, sénéchal de Bazadais, aux états de la province d’Auch ou Jean Balaguier fut nommé évêque de Bazas. (Chronique de Bazas. dans le tome xv des Archives Historiques du département de la Gironde no 58).