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beaucoup de vertu et touchant du clavessin au parfait. Dieu veuille répandre sur eux sa sainte bénédiction !

Mort de ma mère. — Le 22 février 1765[1] jour de vendredy ma mère est morte âgée d’environ 69 ans ; elle fut enterrée aux Carmes dans les tombes de la famille le lendemain samedy à trois heures après midy. Elle est morte d’un cancer au sein qui luy est survenu par un coup qu’on luy donna en la descendant de cheval. Elle a laissé six enfans, dont deux sont relieuses et les 4 autres mariez ; elle a fait son testament clos par devant le sieur Ballias, notaire de cette ville ; je l’ay fait ouvrir en juillet 1766. Je suis son héritier général et universel aussi bien que dans mon contract de mariage ; elle a été généralement regrettée, elle étoit très habile ; elle avoit beaucoup de vertu et de religion elle n’a rien négligé pour tous ses enfans ; je l’aimois beaucoup et luy ay donné tous mes soins, étant toujours à côté de son lit jusqu’à son dernier soupir. Elle m’a donné sa bénédiction et à mes enfans aussi bien qu’à ma femme la veille de sa mort ; elle a beaucoup souffert, mais avec une patience peu commune ; enfin elle est morte comme elle a vécu, en prédestinée. Dieu me fasse la grace d’en faire autant. Priez pour le repos de son âme !

Ce 26 mars 1767 j’ay terminé le procès que m’avoit intenté le chevalier de Fontainemarie, mon frère, par exploit du 26 septembre 1765 en tête duquel étoient des lettres de restitution en entier, qu’il avoit impetrées contre le traité, ou arrêté de compte fait entre nous le 5 décembre 1755 qui portoit en ma faveur quittance finale de tous ses droits et qui étoit tout écrit de sa main et couché sur le livre de raison de ma mère, à la suite des dépenses qu’elle avoit fait pour

  1. L’année précédente, le narrateur (on s’étonne qu’il n’en dise rien dans son journal), avait cessé de faire partie de la Cour des Aides, mais il restait attaché par les liens de l’honorariat à cette compagnie. Voici le billet qu’il reçut du chancelier Maupeou « Monsieur, les services de vos ancêtres et les vœux de votre compagnie, ont déterminé le roi à vous accorder les lettres d’honoraire que vous demandés. Vous deurrés les faire présenter au sceau, quand vous le jugerés à propos. Je suis, Monsieur, votre affectionné serviteur. de Meaupeou : A Versailles, le 23 janvier 1764. »