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tromper les vallets mesmes de la maison, et la mère, pour la faire par après revenir sur le tard et la faire conduire là dedans sans qu’on en sceut rien, pour éviter les mauvaises impressions que, soubs main, on luy pourroit faire donner, si on sçaitqu’eileysoit. Aujourd’huy le président de Saint-Jean m’a dict que ces dames l’avobnt voulu consulter là-dessus de façon qu’il sera malaisé de le tenir secret. Nous verrons ce qui s’y pourra faire, et de quelque façon qu’elle soit, elle sera toujours très bien là-dedans pour quelque temps, pour y apprendre la crainte de Dieu, à quoy elle n’avoit esté guières bien instituée, et, si elle s’y arreste, encores mieux. » On voit que Mroc de Valavez n’était pas d’accord avec son beau-frère au sujet de l’entrée au couvent de M’"1 Claire et que Peiresc, appliquant un peu le compelle intrare, dut songer à un pieux enlèvement. Une lettre du 1 t janvier, « à M. de Valavez, en cour » nous apprend en ces termes comment se prépara avec le dévoué concours de Mme de Bourgoigne, cette sorte de coup d’état domestique « Mme Bourgoigne vint hier dans notre litière, fort saine et gaillarde, et approuva grandement les intentions de ma nièce. Elle s’arreste icy 2 ou jours pour voir ses parents et, en s’en allant, emmènera ma nièce et la laisra icy près en lieu d’où elle pourra aisément revenir avec Maie Lombard (1) pour se jetter secrètement dans ce monastère, sans qu’on en sçaiche rien jusques à ce qu’elle soit bien résolue si elle prendra le voille ou non. Cependant elle escrira des lettres à sa mère ou à son grand-père comme si elle estoit à Marseille avec sa grand-mère (2). Si cela reuscit, c’est une grande bénédiction en cette maison, et cela me fera espérer que les affaires s’y puissent bien restablir. » Voici le récit très détaillé, très minutieux, très pittoresque de l’expédition, adressé huit jours plus tard par Peiresc à son frère, et en tout point conforme au programme adopté (19 janvier) (1) M"e Lombard était sous-intendante de la maison de Peiresc, possédant et justifiant toute la confiance de ses maîtres. (î) C’est es qui s’appelle, je crois, en langage familier, soigner l’alibi.