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que vous luy prestassiez vostre connoissance si fine, si subtile, si pénétrante, pour les Eloges qu’on met d’ordinaire à la fin de chaque livre. Cet historien-poète ne m’est pas inconnu. J’ay veu, il y a long temps, de sa prose et de ses vers, où il se propose deux exemples extrêmement dangereux je veux dire celui de Tacite et celui de Stace. Je vous croy pour sa Leucate[1], mais si je me veux croire moymesme, pour un commencement d’histoire de nostre temps, il faut bien qu’il se change et qu’il se reforme avant que de ressembler à Tite-Live… » Sans doute Chapelain protesta contre ce trop sévère jugement, car son correspondant, le 6 janvier suivant[2], lui fait certaines concessions : « Il faut que je me sois mal expliqué sur le subjet du poème gascon. Je n’eus jamais dessein de le mespriser, et moins encore Stace ni Tacite. Naugerius fit un sacrifice au dieu Vulcain des Sylves qu’il avait plantées à l’imitation de celles de Stace ; mais je n’approuve pas sa mauvaise humeur, ni ne conseillerois à M. de Saint-Blancat de faire la mesme chose des siennes, que j’ay veues de l’impression de Thoulouse. Outre leur mérite que je considère, j’y ay quelque sorte d’intérest, parce que j’y suis nommé magni Balzacius oris, si toutefois il entend par là que j’aye l’éloquence de Cicéron et non pas la gueule de Gargantua…[3] » Un peu plus tard (29 novembre

  1. Leucata obsidione liberata ex libris rerum gallicarum Joan. Samblancati (Tolose, 1638, in-4o). La victoire remportée à Leucate, le 28 septembre 1637, sur les Espagnols par le duc d’Halwin, depuis maréchal de Schomberg, inspira beaucoup d’écrivains et, à Toulouse seulement, parurent ces deux autres opuscules : Le siège et la bataille de Leucate, avec le plan de la place assiégée, du camp des ennemis et du combat, par PAULHAC (in-4°, 1637). — Leucata triumphans, autore AUBERIO BORBONIO (1688, in-4o).
  2. T.1, p. 771. — Chapelain devrait être très indulgent pour Saint-Blancat, qui avait eu la bonne pensée de traduire en latin quelques sonnets de l'auteur de la Pucelle. Guillaume Colletet (Traité du sonnet, Paris, 1658, in-16, p.104) nous l'apprend en ces termes : « Le docte conseiller d'Olive, du Mesnil, Saint-Blancat, tholosain, et le Clerc d'Alby, traduisirent encore quelques autres sonnets du même auteur, en vers latins élégants, que je communiquerai aux curieux de belles choses quand il leur plaira, avec la même franchise que ce fameux poète héroïque me les a depuis peu communiquées. »
  3. T.1, p. 863. Voir dans les Epistolae selectae, à la page 51 de la seconde partie du tome II, une pièce adressée Joanni Samblancato.