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l’éloge de son ami : « Exemplar virtutum omnium propono Petrum Casanovam… » Je renvoie le lecteur, pour tout ce qui regarde l’histoire des Origines de la langue française, à la Préface de l’éditeur de 1694. Sur le manuscrit cédé au grand collectionneur, l’intendant Foucault, par M. Tornier, avocat de Toulouse, neveu par alliance de Pierre de Caseneuve et son héritier[1], communiqué par Foucault à Segrais et par Segrais à Ménage, et sur bien d’autres incidents, on aura là les plus minutieux renseignements. Pour moi, qui n’ai jamais aimé à répéter ce que les autres ont dit, et qui trouve les orgues de Barbarie également détestables dans la littérature et dans la rue, je me bornerai à déclarer que les étymologies de Caseneuve me paraissent bien préférables à celles de Ménage, et que je donnerais volontiers tout le gros recueil du second pour les simples fragments laissés par le premier.

Les trois lettres qui vont suivre sont adressées, les deux premières à Pierre Du Puy, la troisième à Baluze. Leur lecture confirmera ce que l’on sait des bons et beaux sentiments qui animèrent toujours Pierre de Caseneuve.


I[2]


Monsieur,

Après de si sensibles effets de vostre bonté, n’ayant rien en mon pouvoir, qui soit digne de vous, que vous puis-je offrir si ce n’est mon cœur et mes affections ? Encore n’oserois-je vous les présenter si je ne sçavois que Dieu mesme ne demande que cela de nous. Je me cognois tellement indigne des faveurs dont vous me comblés par voz lettres, qu’elles m’ont fait rougir et m’ont fait apprehender que ce ne fust une illusion de ma bonne fortune. Vous voulés, Monsieur, que je donne au public quelques productions de mon esprit que je n’ay qu’a peine esbauchées ; vostre commandement m’y obligeroit sans doute, si mes fréquentes indispositions, les chagrins qui accom-

  1. Tornier a exprimé avec effusion sa reconnaissance pour son bienfaiteur, « grand homme », dit-il, « dont le cher sonvenir ne s’effacera jamais de mon âme. » (Dédicace aux capitouls de Toulouse de l'Origine des jeux floraux.)
  2. Bibliothèque nationale, collection Du Puy, vol. 803, p. 246.