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LA FRANC-MAÇONNERIE

rent à manquer ; la vie nomade ou errante cessa, la propriété naquit. Les hommes se choisirent une demeure fixe… Le langage se développa. En vivant ensemble, les hommes commencèrent à mesurer leurs forces les uns contre les autres, à distinguer les faibles et les forts. Ici, sans doute, ils virent comment ils pourraient s’entr’aider ; comment la prudence et la force d’un individu pourraient gouverner diverses familles rassemblées, et pourvoir à la sûreté de leurs champs contre l’invasion de l’ennemi ; mais ici la liberté fut ruinée dans sa base, et légalité disparut

«… C’est pour cela que les sauvages sont au suprême degré les plus éclairés des hommesn et peut-être aussi les seuls libres… Nous avons eu la liberté, et nous l’avons perdue pour la retrouver et pour ne plus la perdre, pour apprendre de sa privation même l’art de mieux en jouir…

«… Laissez les hommes aux vues bornées raisonner et conclure à leur manière ; ils concluront encore ; la nature agira. Inexorable à toutes leurs prétentions intéressées, elle s’avance, et rien ne peut suspendre son cours majestueux…

«… Celui qui veut rendre les hommes libres, celui-là leur apprend à se passer des choses dont l’acquisition n’est pas en leur pouvoir… Il les éclaire, il leur donne de l’audace… Si vous ne pouvez pas donner à la fois ce degré de lumière à tous les hommes, commencez au moins par vous éclairer vous-mêmes, par vous rendre meilleurs. Servez, aidez-vous, appuyez-vous mutuellement, augmentez votre nombre, rendez-vous au moins vous-mêmes indépendants… Êtes-vous devenus nombreux à un certain point ? Vous êtes-vous fortifiés par votre union ? N’hésitez plus ; commencez à vous rendre puissants et formi-