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ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

ce monde ? Les prends-tu pour des apparitions insignifiantes et passagères ? Ô frère, Dieu et la Nature, disposant chaque chose pour le temps et les lieux convenables, ont leur but admirable, et ils se servent de ces sociétés secrètes, comme d’un moyen unique, indispensable, pour nous y conduire ! Écoute, et sois rempli d’admiration. C’est ici le point de vue auquel tend toute la morale, c’est d’ici que dépend l’intelligence du droit des sociétés secrètes, et celle de toute notre doctrine, de toutes nos idées sur le bien et sur le mal, sur le juste et l’injuste. Te voilà entre le monde passé et le monde avenir. Jette un coup d’œil hardi sur le passé ; à l’instant les dix mille verrous de l’avenir tombent, et toutes ses portes sont ouvertes pour toi ! Tu verras la richesse inépuisable de Dieu et de la Nature, la dégradation et la dignité de l’homme. Tu verras le monde et le genre humain dans sa jeunesse, sinon dans son enfance, là où tu avais cru le trouver dans la décrépitude, voisin de sa ruine et de son ignominie !…

«… Le premier âge du genre humain est celui de la nature sauvage et grossière. La famille est la seule société ; la faim, la soif faciles à contenter, un abri contre l’injure des saisons, sont les seuls besoins de cette période. En cet état, l’homme jouissait des deux biens les plus estimables, l’égalité et la liberté ; il en jouissait dans toute leur plénitude ; il en aurait joui pour toujours s’il avait voulu suivre la route que lui indiquait la Nature… Bientôt, se développe dans les hommes un germe malheureux ; et leur repos, leur félicité originaires disparaissent. À mesure que les familles se multipliaient, les moyens nécessaires à leur entretien commencè-