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FORMATION ET CARACTÈRES DU NOUVEL ÉTAT


ter en égoïste et en charlatan, à grand renfort de parades et de prestiges, avec les airs de bravoure ordinaires, et le tintamarre des phrases toutes faites sur les droits de l’homme et le salut public. — Elle-même, cette puissance centrale, n’a sous la main, pour recevoir ses impulsions, qu’un corps social appauvri, inerte et flasque, capable seulement de spasmes intermittents ou de raidissements artificiels sur commande, un organisme privé de ses organes secondaires, simplifié à l’excès, d’espèce inférieure ou dégradée, un peuple qui n’est plus qu’une somme arithmétique d’unités désagrégées et juxtaposées ; bref une poussière ou une boue humaine. — À cela conduit l’ingérence de l’État. Il y a des lois dans le monde moral comme dans le monde physique ; nous pouvons bien les méconnaître, mais nous ne pouvons pas les éluder. Elles opèrent tantôt pour nous, tantôt contre nous, à notre choix, mais toujours de même et sans prendre garde à nous ; c’est à nous de prendre garde à elles, car les deux données qu’elles assemblent en un couple sont inséparables : sitôt que la première apparaît, inévitablement la seconde suit.