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FORMATION ET CARACTÈRES DU NOUVEL ÉTAT


surgés de la Haute-Garonne et des six départements voisins, conduits par le comte de Paulo, avaient arboré le drapeau blanc ; tel canton, celui de Cadour, « s’était levé presque entier » ; telle ville, Muret, avait donné tous ses hommes valides. Ils avaient pénétré jusqu’aux faubourgs de Toulouse, et il avait fallu plusieurs combats, une bataille rangée, pour les réduire ; en une seule fois, à Montréjeau, on en avait tué ou noyé 2000 ; les paysans s’étaient battus avec fureur, « avec une fureur qui tenait du délire ; on en avait vu faire entendre jusqu’au dernier soupir le cri de Vive le roi ! et se faire hacher plutôt que de crier Vive la République ! » — De Marseille à Lyon, sur les deux rives du Rhône, la révolte durait depuis cinq ans, sous la forme du brigandage ; les bandes royalistes, grossies de conscrits réfractaires et favorisées par la population quelles ménageaient, tuaient ou pillaient les agents de la république et les acquéreurs de biens nationaux[1].

    contre les fonctionnaires et les partisans de la république, juges de paix, maires, adjoints, employés au greffe, etc. Dans la commune de Ralbèze, 50 conscrits, qui ont déserté avec armes et bagages, imposent des réquisitions, donnent des bals le dimanche, et se font remettre les armes des patriotes. Ailleurs, tel patriote connu est assailli dans son domicile par une bande de dix ou douze jeunes gens qui le rançonnent et le forcent à crier : « Vive le roi ! » — Cf. Histoire de l’insurrection royaliste de l’an VII, par B. Lavigne, 1887.

  1. Archives nationales, F7, 3273 (Lettre du commissaire du Directoire exécutif près le département de Vaucluse, 6 fructidor an VII) : « 80 royalistes armés ont enlevé, près du bois de Suze, la caisse du percepteur du Bouchet, au nom de Louis XVIII. Il est à remarquer que ces scélérats n’ont pas touché à l’argent qui appartenait en propre au percepteur. » — (Ib., 3 thermi-