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LA FIN DU GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE


bandits de Calabre et de Grèce extorquent au voyageur qu’ils surprennent sur le grand chemin. — Naturellement, on ne peut opérer ainsi qu’avec des instruments de contrainte ; il faut aux opérateurs parisiens des automates militaires, « des manches de sabre » en quantité suffisante. Or, à force de frapper, on casse beaucoup de manches de sabre, on est tenu de remplacer ceux qu’on a cassés ; en octobre 1798, il en faut deux cent mille nouveaux, et les jeunes gens qu’on requiert pour cet office manquent à l’appel, se sauvent[1], et même

    « Le 31 décembre 1796, le marquis Litta avait déjà payé 500 000 livres milanaises de contribution, le marquis T. 420 000, le comte Grepi 900 000, et les autres propriétaires à proportion. » — « Rançon des decurioni de Milan et autres otages envoyés en France, 1 500 000 livres. » — Ceci est conforme à la théorie jacobine. Dans les anciennes instructions de Carnot, on lit la phrase suivante : « Il faut faire peser les contributions exclusivement sur les riches ; les peuples doivent voir en nous des libérateurs… Entrez comme bienfaiteurs des peuples, en même temps que vous serez le fléau des grands, des riches, des ennemis du nom français. » (Carnot, I, 433.)

  1. Ludovic Sciout, IV, 770 (Rapports de l’an VII, Archives nationales, F7, 7701 et 7718) : « Sur 1400 hommes dont était composé le premier bataillon auxiliaire des conscrits, 1087 ont lâchement abandonné leurs drapeaux (Haute-Loire), et, sur 900 récemment réunis au Puy pour former le noyau du deuxième bataillon, 300 ont encore imité leur exemple. » — Dufort de Cheverny, Mémoires, 9 septembre 1799 : « On a appris que, sur 400 conscrits renfermés au château (de Blois), qui devaient partir cette nuit, 100 avaient disparu. » — 12 octobre 1799 : « Les conscrits sont rassemblés au château au nombre de 500 à 600. Ils disent, pour la plupart, qu’ils ne déserteront que hors du département et en chemin, pour ne pas compromettre leurs familles. » — 14 octobre : « 200 ont déserté ; il en reste 300. » — Archives nationales F7, 3267 (Rapports décadaires sur les conscrits réfractaires ou déserteurs, arrêtés par la police militaire, an VIII, département de Seine-et-Oise). Dans ce seul département, 66 arres-