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LA RÉVOLUTION


dent du comité révolutionnaire de la section de l’Homme Arme, et probablement très bon chasseur d’hommes ; car « les comités du gouvernement lui ont accordé droit de surveillance sur toute la rive droite de la Seine, et, muni de pouvoirs extraordinaires, il règne, du fond de son échoppe, sur la moitié de Paris. Malheur aux gens dont il a eu à se plaindre, à ceux qui lui ont retiré ou ne lui ont pas donné leur pratique ! Souverain de son quartier jusqu’au 10 thermidor, ses dénonciations sont des arrêts de mort ; » il y a des rues, notamment celle du Grand-Chantier, qu’il « dépeuple ». Et cet exterminateur du Marais est un « savetier », collègue en cuirs et à la Commune de Simon, le précepteur et le meurtrier du petit Dauphin.

Au-dessous de cet admirable corps municipal, tâchons de nous figurer, au moins par un échantillon complet, les quarante-huit comités révolutionnaires qui sont ses mains. — Il en est un dont nous connaissons tous les membres, et l’on y saisit au vif, en pleine action, la classe gouvernante[1]. C’est la classe interlope et nomade, qui n’a de révolutionnaire que ses appétits ; ni la théorie,

    ture immonde qu’on leur servait : « C’est encore trop bon, disait-il, pour des b… que l’on va guillotiner. » — « Il s’enivrait avec les porte-clefs et les commissionnaires eux-mêmes. Un jour, il ne marchait qu’en faisant des S et ne parlait que par hoquets ; il voulut entrer dans cet état. La garde de la maison refusa de le reconnaître ; on l’arrêta, » et il fallut les déclarations répétées du concierge pour obliger l’officier du poste « à rendre le pourceau ».

  1. Mémoires sur les prisons, I, 211 (Tableau historique de la maison Lazare). Le narrateur est placé à la maison de Sèvres, en octobre 1793. — II, 186 (Précis historique sur la maison d’arrêt