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LES GOUVERNANTS


« monies religieuses. Tout bon sectaire sera assez sage pour maintenir l’exécution de cet arrêté. L’intérieur d’un temple est assez grand pour offrir son hommage à l’Éternel, qui n’a pas besoin d’un cérémonial offensant pour tout homme qui pense ; selon tous les sages, un cœur pur est le plus bel hommage que la Divinité puisse désirer. — Le service général à l’ordinaire. » — Il soupire après l’idylle universelle et appelle de ses vœux la suppression de la force armée. « J’invite mes concitoyens que la curiosité mène aux tribunaux criminels, à faire la police eux-mêmes ; c’est une tâche que tout bon citoyen doit remplir où il se trouve. Dans un pays libre, la justice ne doit pas se faire avec des piques et des bayonnettes, mais avec la raison et la philosophie. Elles doivent introduire un œil de surveillance sur la société, elles doivent l’épurer et en proscrire les méchants et les fripons. Chacun doit y apporter sa petite portion philosophique, et, de ces petites portions, en faire un tout raisonnable qui tournera au profit et au bonheur de la société. Quand donc viendra-t-il, ce temps désiré, où les fonctionnaires seront rares, où tous les mauvais sujets seront terrassés, où la société entière n’aura pour fonctionnaires publics que la Loi ? — Le service général à l’ordinaire. » — Tous les matins, il pontifie du même style. Imaginez la scène : le lever de Henriot à l’hôtel de l’État-Major, une table à écrire, et peut-être une bouteille d’eau-de-vie sur la table ; d’un côté, le sacripant qui, en bouclant son ceinturon ou en mettant ses