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LES GOUVERNÉS


« récoltée dans l’étendue de la république » ; ordre de l’utiliser, « par le moyen de l’amalgame, pour la fabrication du pain » ; défense aux brasseurs de l’employer pour faire de la bière et aux amidonniers de convertir la pomme de terre en fécule ; peine de mort contre les contrevenants « comme destructeurs de denrées alimentaires » ; fermeture jusqu’à nouvel ordre de toutes les brasseries et amidonneries[1] : il faut à Paris des grains, n’importe de quelle espèce, n’importe par quels moyens, n’importe à quel prix, non pas la semaine prochaine, ni après-demain, mais demain, aujourd’hui, parce que, si la faim mâche et avale tout, elle refuse d’attendre. — Une fois le grain obtenu, il reste encore à le mettre à la portée des bourses : or, entre le prix de

  1. Archives nationales, AF, II, 68. Arrêtés du 19 pluviôse, du 5 ventôse, du 4 floréal, du 24 floréal an III. (Par exception, les six brasseries qui travaillent pour la République dans l’arrondissement de Dunkerque resteront en activité.) — Mêmes procédés pour les autres objets de nécessité : recensement des noix, navettes et autres grains ou fruits huileux, les huiles provenant des pieds de bœuf et de mouton, réquisition de toutes les matières propres à fabriquer de l’huile, ordre de faire marcher les moulins à huile : « Les corps administratifs tiendront la main à ce que les bouchers dégraissent leur viande avant de la mettre en vente, à ce qu’ils ne convertissent pas eux-mêmes ces suifs en chandelle, à ce qu’il ne soit pas vendu de suif aux fabricants de savon », etc. (Arrêté du 28 vendémiaire an III.) — « La septième commission exécutive fera rassembler huit cents paires de bœufs pour être distribués aux marchands de bois, afin de transporter les bois et charbons du lieu d’abatage et fabrication jusqu’aux ports. On leur distribuera huit cents paires de roues et des harnais en proportion. Les charretiers seront payés et surveillés comme ceux des convois militaires et complétés par réquisition. Pour nourrir ces bœufs, les administrateurs du district prendront par préemption les prés et pâturages nécessaires », etc. (arrêté du 10 pluviôse an III.)