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LES GOUVERNÉS


« écrit Dartigoeyte, affectent pour cette superbe récolte une insouciance inconcevable ; il faut l’avoir vu, comme moi, pour croire combien les blés sont négligés dans certaines parties, combien ils sont étouffés par l’herbe… Mets en réquisition, si le cas l’exige, un certain nombre d’habitants de telle ou telle commune pour travailler dans telle autre… Il faut punir comme mauvais citoyen, comme royaliste, tout homme qui se refuserait au travail, le jour de la décade excepté. » — « Généreux amis de la nature, écrit Ferry[1], introduisez, perpétuez autour de vous l’usage des travaux communs, et commencez par cette moisson… N’épargnez pas ces oisives et ces oisifs, parasites de la société, dont vous avez sans doute quelques-uns parmi vous. Eh quoi ! nous souffririons parmi nous des paresseux et des paresseuses ! Où serait donc la police républicaine ?… Aussitôt après la réception du présent arrêté, les officiers municipaux de chaque commune convoqueront les citoyennes au Temple de l’Éternel et leur enjoindront, au nom de la loi, de se livrer au travail de la moisson. Les femmes qui auront manqué à ce devoir patriotique seront exclues des assemblées, des fêtes nationales, et les bonnes citoyennes sont invitées à les exclure de leur maison. Les bons citoyens sont invités à donner à cette fête champêtre le caractère sentimental qui lui

  1. AF, II, 111 (Lettres de Ferry, Bourges, 23 messidor, à « ses frères de la Société populaire », et « aux citoyennes de l’Indre et du Cher »).