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LA RÉVOLUTION


soit que les soldats, licenciés et les bras ballants, se fassent, en raison de leurs exploits, attribuer des grades dans la garde nationale de leur ville ; de cette façon, ils continuent leur service, qui est indispensable, car c’est par eux que le régime s’est établi et dure. « L’armée révolutionnaire[1], disent les décrets et arrêtés d’institution, est destinée à comprimer les contre-révolutionnaires, à exécuter, partout où sera besoin, les lois révolutionnaires et les mesures de salut public », c’est-à-dire « à garder les reclus, à arrêter les suspects, à démolir les châteaux, à descendre les cloches, à fouiller les sacristies pour les matières d’or et d’argent, à saisir les voitures et chevaux de luxe », surtout à « rechercher les provisions particulières et les accaparements », bref à exercer sur place les contraintes manuelles et à imprimer sur place la terreur

    naire que j’ai cassée, il y a deux jours, laquelle coûtait 6000 francs par mois, ne reconnaissait pas le chef de la force armée, et servait d’appui aux intrigants. Ces soldats, tous ouvriers, ne travaillaient plus. Leurs occupations étaient de remplir les tribunes du club, où eux et leurs femmes appuyaient, par des applaudissements, les vues des meneurs, et faisaient taire, par leurs menaces, les citoyens qui voulaient les combattre. » — Comte de Martel, Fouché, 425 : « Pour éluder un décret de la Convention (décret du 14 frimaire), supprimant l’armée révolutionnaire dans les départements, Javogues convertit les 1200 hommes, dont il l’avait formée dans la Loire, en gardes soldés. » — Ib., 452 (Lettre de Gouly, Bourg, 23 frimaire) : « Hier, à Bourg-Régénéré, je trouvai Javogues et environ 400 hommes de l’armée révolutionnaire, qu’il avait amenés avec lui, le 20 courant. »

  1. Buchez et Roux, XXIX, 45. — Moniteur, XX, 67 (Rapport de Barère, 7 germinal). — Sauzay, IV, 303 (Arrêté du représentant Bassal à Besançon).