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LA RÉVOLUTION


pas d’assignats, mais d’espèces sonnantes. Bref, quelle que soit la forme du capital fixe, nous en prenons tout ce que nous pouvons, probablement plus des trois quarts. — Reste la portion qui n’est point fixe et périt par l’usage, à savoir les objets de consommation, les fruits du sol, les approvisionnements de toute espèce, tous tes produits de l’art et du travail humain, qui contribuent à l’entretien de la vie. Par « le droit de préemption » et par le droit de « réquisition », « la république devient propriétaire momentanée de tout ce que le commerce, l’industrie et l’agriculture ont produit et apporté sur le sol de France[1] » : toutes les denrées et toutes les marchandises sont à nous avant d’être à leur détenteur ; nous enlevons chez lui ce qui nous convient ; nous le payons avec du papier qui ne vaut rien ; souvent nous ne le payons pas du tout. Pour plus de commodité, nous saisissons les choses directement et à l’endroit où elles sont, les grains chez le cultivateur, les fourrages chez l’herbager, les bestiaux chez l’éleveur, le vin chez le vigneron, les peaux chez le boucher, les cuirs chez le tanneur, les savons, les suifs, les sucres, les eaux-de-vie, les toiles, les draps et le reste chez le fabricant, l’entrepositaire et le marchand. Nous arrêtons les voitures et les chevaux dans la rue ; nous entrons chez l’entrepreneur de messageries

    cerné la peine de mort contre ceux qui n’apporteraient pas leur or et leur argent dans un temps donné. »

  1. Moniteur, XVIII, 320 (séance du 11 brumaire an II). Paroles de Barère, rapporteur.