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LE GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE


il n’y a mis que ses fidèles ou ses créatures ; ainsi tout le pouvoir législatif et parlementaire lui appartient. — Quant au pouvoir exécutif et administratif, les ministres sont devenus ses commis ; « ils viennent chaque jour, à des heures indiquées, recevoir ses arrêtés et ses ordres[1] » ; ils lui soumettent « la liste motivée de tous les agents » qu’ils envoient dans les départements et à l’étranger ; ils lui en réfèrent pour les moindres détails ; ce sont des scribes, simples machines ou mannequins, si nuls qu’à la fin on leur ôtera jusqu’à leur titre et que, pour « commissaire aux relations extérieures », on ira prendre un ancien maître d’école, clubiste inepte, pilier de billard et d’estaminet, à peine capable de lire les pièces qu’on lui porte à signer dans le café où il passe sa vie[2]. — Ainsi, du second pouvoir de l’État, le comité s’est fait une escouade de domestiques, et du premier, un auditoire de claqueurs.

Pour les maintenir dans le devoir, il a deux mains. — L’une, la droite, qui saisit les gens au collet et à l’improviste, est le Comité de Sûreté générale, composé de montagnards outrés, Panis, Le Bas, Geoffroy, Amar, David, Vadier, Lebon, Ruhl, La Vicomterie, tous présentés, c’est-à-dire nommés par lui, ses affidés et ses subal-

    se trouve encore dans les comités des membres dont les opinions touchent au fédéralisme ». En conséquence, les comités sont épurés, notamment le Comité de Sûreté générale. Six de ses membres sont éliminés (14 septembre), et la liste présentée par le Comité de Salut public passe sans discussion.

  1. Moniteur, XVIII, 592 (séance du 4 décembre 1793, discours de Robespierre).
  2. Miot de Melito, Mémoires, I, 47.